FORUM - 31 JANVIER 2000 

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Le CHUM sur un site unique ouvrira dans sept ans

Les hôpitaux du centre-ville demeureront dans le système de santé.

Les ministres Pauline Marois et André Boisclair, le premier ministre Lucien Bouchard, le recteur Robert Lacroix et le maire de Montréal, Pierre Bourque, ont dévoilé la maquette du futur CHUM.

Le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) sera construit au coût de 700 millions au coeur de la Petite-Patrie et comptera 850 lits. À son ouverture, en 2006, "le plus grand centre hospitalier universitaire en terre d'Amérique", selon le président du conseil, Claude Benjamin, sera relié à la station de métro Rosemont par une voie d'accès intérieure. Il sera visible à l'oeil nu du Pavillon principal de l'Université de Montréal.

C'est en insistant sur l'investissement à long terme que la ministre d'État à la Santé et aux Services sociaux du Québec, Pauline Marois, est venue présenter à l'Université de Montréal ce projet qui met fin à une décennie de négociations difficiles entre les trois composantes du CHUM actuel, les hôpitaux Notre-Dame, Saint-Luc et Hôtel-Dieu. Compte tenu des "infrastructures vétustes" de ces hôpitaux, a expliqué Mme Marois, le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de construire un immeuble neuf. "Nous avons pensé en fonction des 50 prochaines années", a dit la ministre.

Le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, présent à la cérémonie tenue dans le hall d'honneur, mardi dernier, n'a pas caché que cette entente survenait à l'issue d'un "labeur intense" qui a provoqué des "souffrances réelles". Il a rendu hommage aux gestionnaires, médecins et autres membres du personnel du CHUM "à qui nous devons cette bonne nouvelle". Le maire de Montréal, Pierre Bourque, et le ministre de la Solidarité sociale et député de Gouin, André Boisclair, étaient également présents.

Le recteur de l'Université de Montréal, Robert Lacroix, a rappelé que plusieurs projets ont antérieurement été imaginés et amorcés mais aucun réalisé. "Souhaitons que cette fois-ci sera la bonne", a-t-il résumé. Il avait indiqué précédemment que le premier "hôpital universitaire" de son établissement était situé dans une aile du pavillon construit par Ernest Cormier.

Imprécisions
Des imprécisions demeurent quant à l'avenir des immeubles qui abritent actuellement l'Hôtel-Dieu, Notre-Dame et Saint-Luc. La ministre Marois a affirmé qu'ils demeureront partie intégrante du réseau de la santé. Un de ces hôpitaux (on ignore lequel) conservera même un service d'urgence et quelque 300 à 400 lits de courte durée. Mais pas question de les démolir ou de les convertir en condominiums.

Avant de fixer son choix sur la construction neuve, le gouvernement du Québec a demandé à la Corporation d'hébergement du Québec, en collaboration avec la firme Daniel Arbour et Associés, d'examiner différents scénarios de faisabilité. Cinq emplacements ont été évalués en détail, y compris ceux des hôpitaux actuels. Dans les trois cas, un même problème: les immeubles sont construits verticalement alors que la tendance est à l'horizontale. Compte tenu de l'interdisciplinarité croissante, des hôpitaux larges et comptant peu d'étages sont préférables aux bâtiments que l'on connaît.

Cela dit, chaque emplacement avait ses avantages et ses inconvénients. L'hôpital Notre-Dame, par exemple, est facilement accessible et situé près des grandes artères. Mais il est loin d'une station de métro et compte 12 étages, ce qui est "inefficace et inefficient pour la médecine du futur", selon le Dr Luc Deschênes, un sous-ministre qui travaille depuis un an sur ce projet. Pour construire au même endroit un superhôpital, à peine 28% des bâtiments auraient été réutilisés. À l'hôpital Saint-Luc, l'accessibilité est également assurée, mais seulement 10% des bâtiments pouvaient être conservés.

Situation semblable à l'Hôtel-Dieu, l'un des plus vieux hôpitaux du continent avec ses trois siècles d'histoire. Si l'on avait utilisé cet emplacement, il aurait fallu sacrifier 88% du bâtiment et redessiner l'échangeur des Pins. Malgré tout, cet emplacement aurait eu de médiocres possibilités de développement à long terme et conservait le désavantage d'être à un kilomètre du métro.

La recherche se poursuivra
Le Dr Pavel Hamet, directeur de la recherche au CHUM, a confié à Forum que le projet de l'emplacement unique ne signifiait pas la mort de ses composantes actuelles. À l'Hôtel-Dieu, par exemple, certaines personnes envisagent de regrouper l'essentiel des recherches en biotechnologie, alors que l'hôpital Notre-Dame poursuivrait ses travaux de pointe en cancérologie.

"Ce qui m'inquiète surtout, c'est ce que le gouvernement va faire d'ici sept ans. Si tout investissement en santé est suspendu d'ici à ce que le CHUM soit construit, on manque le bateau. Sept ans, c'est une éternité en recherche."

De son côté, le président de l'Ordre professionnel des médecins du Québec, Yves Lamontagne, a salué la décision de la ministre. "Je dis bravo pour avoir pris enfin une décision. Elle aurait dû être prise il y a longtemps", a-t-il dit en marge de la conférence de presse.

À propos de l'interminable querelle des défenseurs de l'un ou l'autre hôpital, le psychiatre n'a pas peur des mots. "Au Québec, les gens préfèrent être des rois dans de petits royaumes plutôt que des princes dans un grand. Les médecins ne font pas exception à la règle."

On peut consulter l'étude de localisation du CHUM, réalisée par la Corporation d'hébergement du Québec et par la firme Daniel Arbour, au www.chq.mediom.qc.ca.

Mathieu-Robert Sauvé


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