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Vient de paraître


Montréal, ville ouverte

  Claude Manzagol dirige une publication sur sa ville d'adoption.

Quand le géographe Claude Manzagol est arrivé au Québec dans les années 1960, l'effervescence de la Révolution tranquille était telle qu'elle avait atteint les experts du Service d'urbanisme de Montréal. Ils avaient de grands rêves pour la métropole canadienne. Intitulé Horizon 2000, un plan de développement parlait de la "grande fille du Saint-Laurent" qui serait au tournant du millénaire un centre de transport national et international intégré comptant... 6,7 millions d'habitants.

"Nous n'en sommes pas tout à fait là", dit en souriant le professeur du Département de géographie qui vient de diriger avec son collègue Christopher Bryant, du même département, un ouvrage collectif de 356 pages qui a mis à contribution géographes, urbanistes, historiens et autres spécialistes de six universités. Le titre de l'ouvrage, Montréal 2001, est lui-même un clin d'oeil à la prétention d'Horizon 2000 en plus d'être un rappel de l'Odyssée de l'espace et une évocation millénariste.

"Nous avons voulu faire un ouvrage de fond sur le Montréal moderne, qui n'est plus la métropole canadienne mais qui a une importance non négligeable dans l'espace culturel mondial. De toute façon, avec la nouvelle économie, l'arrière-pays n'a plus autant d'importance qu'avant. Montréal s'est restructuré et compte incontestablement des forces industrielles. Pharmacie, biotechnologies, multimédia et informatique sont des secteurs en plein essor."

Système monde
On dit que Montréal possède à l'étranger un "standing" international. Comme l'explique Mario Polèse, de l'INRS, "Montréal jouit d'une certaine renommée à l'extérieur des frontières du Québec et du Canada. C'est une ville qui fait parler d'elle, que la plupart des étrangers (instruits) savent reconnaître. Un peu comme Paris pour la France, Montréal est la grande ville qui nous sert de symbole et de repère."

L'auteur a voulu mettre cette réputation à l'épreuve en cherchant à situer la ville dans un ensemble mondial qu'il appelle le "système monde". Selon certaines grilles d'analyse, Montréal se compare à Prague, Stockholm, Barcelone, Copenhague parce que sa vocation comme centre de service est plutôt nationale qu'internationale. Mais quand on confronte Montréal aux 20 plus grandes villes nord-américaines sur des sujets précis, la métropole québécoise n'est jamais gagnante.

Pour ce qui est de la population, elle se situe à la 14e place. Au chapitre des emplois dans le secteur financier, elle est 15e, derrière Miami, Détroit, Minneapolis... C'est à Montréal que la densité du trafic aérien est la plus faible parmi les 20 villes, très loin derrière Toronto et même Boston. Plus décourageant encore, le nombre de titulaires d'un doctorat est plus faible à Montréal qu'à Dallas, Miami, Houston, Détroit, Minneapolis. Seuls Cleveland, Saint Louis et Phoenix font pire à ce chapitre.

"En tant que joueurs en Amérique du Nord, aucune des deux grandes villes canadiennes ne peut prétendre à un rôle de toute première ligne en matière scientifique et intellectuelle si l'on prend le nombre de docteurs (Ph.D.) comme repère."

Comme consolation, l'auteur précise au lecteur que la proximité du géant américain peut être un atout sur le plan international. C'est ce qu'il appelle le principe du petit poisson dans un grand lac, par opposition au gros poisson dans un petit lac. "Les institutions culturelles et scientifiques de Montréal doivent constamment se mesurer à leurs voisines du Sud, qui leur livrent une concurrence quotidienne pour attirer des ressources humaines et intellectuelles. En contrepartie, la proximité des États-Unis leur procure un avantage sur d'autres acteurs (localisés à l'extérieur de l'Amérique du Nord) pour ce qui est d'assimiler et d'adapter les courants de pensée et les innovations technologiques issus des grands centres urbains américains."

50e anniversaire
Cet ouvrage, qui met à contribution 14 professeurs du Département de géographie, est en quelque sorte la dernière bougie des célébrations qui ont marqué le 50e anniversaire de ce département. L'étude de Montréal, ou plutôt de la grande région métropolitaine, est en effet un des axes de recherche privilégiés des professeurs.

Claude Manzagol a en quelque sorte grandi avec le Département, qui était tout jeune quand il a débarqué sur les rives du Saint-Laurent. Il a d'ailleurs lui-même suggéré le déménagement des effectifs au Pavillon Strathcona, sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, quand il était directeur. Cette décision a fait en sorte que le Département de géographie, un peu à l'écart, possède sa personnalité propre.

"Ce déménagement a été très bénéfique. Il nous a permis de rebâtir le Département. L'aménagement de locaux de laboratoire a permis un développement rapide de la recherche. Maintenant, je dirais que nous avons besoin d'une vraie salle d'enseignement tournée vers les nouvelles technologies de l'information et de la communication."

Mathieu-Robert Sauvé


Claude Manzagol et Chritopher Bryant (dir.), Montréal 2001, Visages et défis d'une métropole, Presses de l'Université de Montréal, 1998, 356 pages.


La sécurité privée

La sécurité privée, réalité sociale et objet scientifique largement étudiés sous différents angles, soulève encore des controverses quant à sa place dans le champ du contrôle social. C'est en traçant un bilan des toutes dernières recherches portant sur la sécurité privée que ce numéro spécial de la revue Criminologie examine cet acteur particulier du contrôle social.

À partir de quatre recherches menées en Belgique, un premier texte aborde de manière novatrice les relations entre police publique et sécurité privée. Suivent deux contributions qui décrivent, l'une sur le plan théorique, l'autre sur le plan empirique, la réalité québécoise du marché de la sécurité privée. Ensuite, une analyse portant sur les pratiques de la sécurité privée en matière de vol à l'étalage dans les commerces en France témoigne de l'autonomie de la sécurité privée dans la gestion du contrôle. Finalement, une étude menée à partir d'une expérience australienne remet en question et documente les pratiques douteuses de la sécurité privée et recommande un meilleur encadrement du travail effectué par ses agents dans les domaines de la répression et de la prévention.

Enfin, hors thème, un article sur les travaux communautaires chez les jeunes contrevenants au Québec.

Criminologie, volume 31, numéro 2, La sécurité privée, sous la direction de Céline Ballot et Marie-Marthe Cousineau, 1998, 138 pages, 15$.


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