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Les étudiantes en sciences infirmières: des cordonnières bien chaussées

Madeleine Clément a étudié les comportements des étudiantes concernant leur santé.

Madeleine Clément entourée de Louis Jankowski, professeur en sciences de l'exercice à l'Université McGill et à l'Université Concordia, et de Louise Bouchard, également de la Faculté des sciences infirmières


Si ce n'est qu'elles dorment moins d'heures par nuit que les jeunes de leur âge, les étudiantes de la Faculté des sciences infirmières ont des comportements qui favorisent l'amélioration ou le maintien de leur état de santé. Au cours de leurs études de premier cycle, elles adoptent même des habitudes qui leur permettront, éventuellement, d'éviter des ennuis plus sérieux. Par exemple, elles sont plus nombreuses à passer régulièrement le test PAP, servant à prévenir le cancer du col utérin.

Telle est la conclusion d'une étude de Madeleine Clément, professeure à la Faculté des sciences infirmières, qui a observé un groupe de 52 étudiantes durant trois ans, de 1992 à 1994. "Le comportement des étudiantes de la Faculté des sciences infirmières concernant leur santé se compare favorablement à celui de la population en général. Sauf en ce qui concerne le sommeil: elles sont plus nombreuses que les jeunes de leur âge à dormir moins de sept heures par nuit."

Le nombre d'heures de sommeil par nuit n'était qu'un des critères étudiés par l'équipe de Mme Clément. Huit autres "comportements de santé" avaient été définis: la prise quotidienne du petit déjeuner, la pratique d'une activité physique de loisir (au moins 15 minutes par semaine), l'absence de tabagisme, la faible consommation d'alcool, le port de la ceinture de sécurité en voiture, l'autoexamen des seins, l'examen médical des seins et la prévention du cancer du col utérin (test PAP). Les répondantes ont rempli le questionnaire à trois reprises au cours de leur programme de baccalauréat, de sorte qu'on a pu noter les modifications de comportement.

 

L'hypothèse du cordonnier

L'idée à l'origine de ce projet de recherche vient de l'époque où Mme Clément s'étonnait de voir ses étudiantes sauter le petit déjeuner, dormir peu et fumer dans les corridors, alors que ces jeunes filles avaient choisi de consacrer leur vie professionnelle à la santé des autres...

Après quelques recherches documentaires, elle s'est aperçue qu'aucune étude longitudinale n'avait été menée sur cette question. Elle a donc élaboré sa méthodologie. "Pour décrire les comportements de santé chez les étudiantes en sciences infirmières au premier cycle, il m'a semblé pertinent de comparer ce groupe avec un groupe témoin d'étudiantes d'un secteur non lié à la santé, puis avec un groupe du même âge représentatif de l'ensemble de la population."

C'est chez les étudiantes de la Faculté des sciences de l'éducation que la chercheuse a trouvé son groupe témoin. L'échantillon comptait 93 étudiantes âgées, en moyenne, de 20 ans. Les données sur le troisième groupe ont été tirées de la dernière enquête de Santé Québec.

Si l'auteure n'a pas découvert de différences significatives entre les deux groupes d'étudiantes, il faut noter qu'entre les apprenties infirmières et l'ensemble de la population il existe parfois des différences considérables. Ainsi, moins de 12% des futures infirmières fument, alors que 35% de leurs contemporains le font. Plus notable encore, l'examen des seins par un médecin, aux deux ans, n'est une pratique régulière que pour 58% des femmes en général, alors que chez les étudiantes 77% en ont fait une habitude.

Enfin, comme il est mentionné au début de cet article, les comportements de santé semblent croître proportionnellement à la fréquentation de la Faculté des sciences infirmières. Ainsi, seulement 67% des étudiantes de première année passaient un test PAP. Deux ans plus tard, elles étaient 81% à le faire.

 

Santé Québec

La présentation des résultats de la recherche de Mme Clément avait lieu à la salle Ernest-Cormier, du Pavillon principal, le 12 mars dernier, alors que dans une salle voisine une vingtaine de personnes devaient choisir le prochain recteur.

La présentation a été précédée d'un exposé de Daniel Tremblay, porte-parole de Santé Québec. Venu résumer les grandes lignes de l'état de santé des Québécois, il en a profité pour présenter son organisme. "Je suis très heureux de vous parler de Santé Québec, dont le mandat est de mener des enquêtes sur la santé des Québécois. Nos banques de données sont accessibles gratuitement aux étudiants. Nous avons aussi un programme de subventions. Profitez-en!"

Au cours des dernières années, a rappelé M. Tremblay, l'état de santé des Québécois a connu des améliorations (diminution du tabagisme, réduction de l'insuffisance de poids, réduction de la consommation d'alcool chez les buveurs modérés), mais le bilan est négatif sur plusieurs aspects. On a noté une augmentation de l'obésité, du niveau de détresse psychologique et de la consommation de médicaments non prescrits. Au Québec, plus de 42% des médicaments sont consommés sans ordonnance, un chiffre qui est sans cesse à la hausse.

Celui que Mme Clément appelle "M. Santé Québec" a terminé son exposé en rappelant qu'une nouvelle enquête nationale se mettrait en branle en 1998. Plus de 16,000 foyers seront alors consultés dans ce gigantesque projet qui revient tous les cinq ans.

Mathieu-Robert Sauvé


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