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«Une salade par jour...»

Légumes, vitamine E et calcium aident à prévenir le cancer du côlon.

Le Dr Ghadirian nous présente la carte du monde où sont répertoriés les différents centres de recherche avec lesquels l'Unité de recherche en épidémiologie de l'Hôtel-Dieu est en relation.

Chaque année au Québec, le cancer tue près de 16,700 personnes. Au Canada, quelque 333 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque jour, ce qui constitue l'un des 10 plus hauts taux de cancer au monde.

Ces chiffres pourraient être facilement réduits puisque deux des trois cancers les plus fréquents, soit le cancer du côlon et celui des poumons, peuvent être prévenus par de saines habitudes alimentaires. Selon le Dr Parviz Ghadirian, directeur de l'Unité de recherche en épidémiologie du campus Hôtel-Dieu du CHUM, si l'on parvenait à éliminer les facteurs de risque liés à la nutrition, l'incidence du cancer pourrait être diminuée de 35%.

Depuis plusieurs années, il effectue avec une équipe de chercheurs une vaste étude auprès de la population francophone du Montréal métropolitain afin de déterminer les rapports entre l'alimentation et les diverses formes de cancer.

 

Fibres alimentaires

Les plus récents résultats, publiés l'automne dernier dans la revue américaine Cancer, montrent une corrélation inverse très forte entre la consommation de fibres alimentaires et la prévention du cancer du côlon. Ceux qui ont une alimentation riche en fibres (provenant à la fois des légumes, noix, fruits séchés, fruits frais et céréales) courent en effet 50% moins de risques de développer un cancer du côlon que ceux qui en consomment peu.

L'étude a également permis de mesurer séparément certains de ces aliments riches en fibres, montrant une différence notable entre eux. Le facteur de protection (50%) est ainsi de 43% avec les fibres des légumes, de 26% avec celles des fruits et de 22% avec celles des céréales.

Contrairement à ce qu'on croit souvent, "la consommation de céréales s'avère un facteur faible de prévention du cancer du côlon, souligne le Dr Ghadirian. Il y a probablement autre chose lié aux fibres des légumes, peut-être un enzyme, de la cellulose ou un autre facteur inconnu, qu'on ne retrouve pas dans les fruits frais et les céréales."

Les fibres exercent leur effet préventif en absorbant, dans les intestins, l'eau qui contient les toxines et autres éléments cancérigènes. De ce fait, elles favorisent l'élimination en maintenant les selles plus molles.

"L'effet préventif, fait remarquer le chercheur, sera donc maximisé si l'on consomme les légumes au cours du repas afin qu'ils absorbent les substances cancérigènes provenant du gras et de la viande."

La même étude a montré que la vitamine E, qu'on trouve dans les huiles végétales, les noix, les légumes verts et les céréales, a un effet préventif comparable à celui de la cellulose. Cette vitamine bloque l'oxydation des cellules qui crée des conditions propices au développement des cancers. "Jusqu'ici, les études suggéraient que la vitamine E jouait un rôle antioxydant, mais on ne l'avait jamais clairement démontré par une étude épidémiologique", affirme le directeur de recherche.

Le calcium joue également un rôle préventif appréciable puisqu'il diminue de 30% les risques de cancer du côlon. Selon le Dr Ghadirian, le calcium formerait un "savon" qui recouvre la paroi de l'intestin et qui neutralise le surcroît d'acide biliaire produit lors de la digestion du gras animal.

Une autre étude du même chercheur a permis d'illustrer, il y a quelques années, un lien entre le cancer du pancréas et l'alimentation. Toujours au sein de la population francophone de Montréal, il a démontré une corrélation entre la consommation de sel, de viandes fumées, de produits déshydratés (comme les soupes en poudre), de fritures, de sucre raffiné, de gras saturés (lait, viande et oeufs) et le cancer du pancréas.

À l'inverse, ceux qui consomment de façon régulière des crudités, des produits sans agents de conservation, des fruits et des légumes ont entre 70% et 75% moins de risques de développer ce type de cancer que ceux qui ne consomment jamais de tels aliments.

 

Tabac, alcool et café

Poursuivant ses travaux sur le cancer du pancréas - prenant cette fois-ci en compte la consommation de tabac, d'alcool et de café -, l'équipe du Dr Ghadirian nous a réservé quelques surprises.

L'étude a ainsi révélé que les amateurs d'alcool présentent un taux de risque légèrement inférieur à ceux qui n'en consomment pas, sans que les chercheurs puissent expliquer pourquoi. Mais il ne faut pas en déduire pour autant que l'alcool est sans danger puisque d'autres travaux ont montré qu'il avait une incidence élevée sur plusieurs cancers, dont ceux de la gorge, de l'oesophage et du foie.

Quant à l'effet bénéfique du vin rouge sur les maladies cardio-vasculaires, le Dr Ghadirian souligne que cet effet semble dû au tanin et autres substances antioxydantes du raisin rouge et non à l'alcool. Le bon sens suggère donc de consommer le fruit de la vigne plutôt que son jus fermenté.

À l'instar des buveurs d'alcool, les buveurs de café présentent moins de risques de développer un cancer du pancréas que les non-buveurs, particulièrement lorsque le café est pris avec un repas plutôt que le ventre vide. Par contre, cette corrélation négative est plus faible avec le café décaféiné qu'avec le café ordinaire.

Selon le chercheur, cette différence serait due aux produits chimiques utilisés pour décaféiner le café. Quant aux études ayant déjà incriminé le café dans le développement du cancer du pancréas, il est d'avis que l'effet cancérigène proviendrait plus de la torréfaction du café à haute température que de la caféine elle-même.

Les fumeurs s'en tirent par contre moins bien. L'étude a démontré, de concert avec de nombreuses autres, qu'ils ont en effet quatre à cinq fois plus de risques de développer un cancer du pancréas que les non-fumeurs.

Cette vaste étude du Dr Parviz Ghadirian et de son équipe s'effectue en collaboration avec le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS, dont le siège est à Lyon, et l'Institut européen du cancer, situé à Milan. Des études semblables menées par ces organismes permettent de comparer les données entre populations différentes.

Dans le cadre de ces recherches, le Dr Ghadirian a publié, en 1989, un atlas sur l'incidence des cancers au Québec. On y retrouve diverses données sur les principaux cancers selon leur distribution géographique, un document de première utilité pour les chercheurs en épidémiologie.

Daniel Baril


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