Volume 35 numéro 31
4 juin
200
1

 



FLASH RECHERCHE

Mieux comprendre les acouphènes

Enseignement de la lecture au primaire

Le rôle des agents immobiliers dans la ségrégation résidentielle ethnique



Mieux comprendre les acouphènes

Sylvie Hébert, chercheuse à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, veut mieux comprendre les acouphènes, ces sons sans source extérieure souvent décrits comme un bourdonnement ou un sifflement. Ils constituent un des motifs de consultation les plus fréquents en oto-rhino-laryngologie et en audiologie. Problème lié au vieillissement, plus de 10 % de la population adulte en souffre, ce qui représente environ 600 000 personnes au Québec. Une difficulté majeure réside dans le fait que l’acouphène n’est pas observable avec les outils cliniques et que seule la personne qui en est atteinte peut en décrire l’intensité. Aucun traitement n’est actuellement disponible.

Psychologue de formation, Sylvie Hébert a mis sur pied un programme de recherche dans le but de mieux comprendre les mécanismes à l’origine des acouphènes. Selon la chercheuse, il devrait être possible d’objectiver et de quantifier les anomalies provoquées par la présence d’acouphènes. Deux volets de recherche permettront de vérifier cette hypothèse. Le premier vise à objectiver l’acouphène dans des tâches de perception auditive faisant intervenir les processus auditifs centraux (cérébraux). Ce volet s’inspire de la littérature récente, qui a démontré que les acouphènes sont associés à des anomalies des aires corticales auditives. Le second volet propose un modèle qui explore la voie physiologique et vise à documenter le lien entre le stress et les acouphènes, et à démontrer le rôle de processus endocriniens dans la perception auditive normale et anormale.

Le but ultime du programme de recherche de Sylvie Hébert, chercheuse boursière du Fonds de recherche en santé du Québec, est le traitement et la prévention des acouphènes, qui nuisent à la qualité de vie d’un nombre grandissant de personnes âgées.

Enseignement de la lecture au primaire
Professeure au Département de didactique de la Faculté des sciences de l’éducation, Régine Pierre travaille à l’enseignement de la lecture au premier cycle au Québec afin d’établir des normes québécoises sur le développement de la lecture entre la maternelle et la deuxième année. Ces normes permettront de juger de la progression des enfants québécois par comparaison avec ceux de même niveau dans d’autres pays et d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place. Le second objectif à long terme est de concevoir et d’expérimenter des approches différenciées d’enseignement de la lecture pour prévenir les retards de développement chez les enfants à ris-que. Ce projet a fait l’objet d’une demande de subvention au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Avec une équipe multidisciplinaire composée notamment de chercheurs de la Fondation québécoise pour l’alphabétisation et de la Commission scolaire de Montréal, Mme Pierre élabore un autre projet visant à expérimenter un modèle intégré de prévention de l’analphabétisme. Ce projet sera mené auprès de familles défavorisées dont la mère est analphabète fonctionnelle.

Le rôle des agents immobiliers dans la ségrégation résidentielle ethnique
Certains agents immobiliers orientent leur clientèle ethnique vers des quartiers considérés comme «appropriés» pour eux. Cela ne semble pas être une pratique intensive à Montréal et les mécanismes de différenciation-discrimination adoptés par les agents d’immeubles revêtent des formes multiples. Des facteurs non ethniques ont préséance lorsqu’il est question de choix d’établissement résidentiel. Mais selon la perception de l’agent immobilier, le choix intra-ethnique est privilégié par la majorité des clients. Ces derniers feraient aussi l’objet d’un traitement différentiel, et souvent inégal, suivant qu’ils appartiennent ou non au même groupe ethnique que l’agent.

C’est ce qui ressort de l’étude menée par Sylvie Paré, chercheuse au Département de sociologie. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, elle a étudié le rôle de l’agent immobilier dans la production de la ségrégation résidentielle ethnique. Il n’est pas le seul professionnel à agir sur le phénomène. Selon Mme Paré, la distribution dans l’espace des diverses communautés ethniques n’est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat des effets du cycle de vie des ménages, de la classe sociale et de l’appartenance ethnique. La chercheuse a voulu cerner et comprendre le rôle des acteurs sociaux du domaine de l’immobilier dans la construction et le maintien de l’espace social ethnique.

L’enquête, menée auprès de 50 agents d’immeubles de Montréal et dans quelques municipalités avoisinantes de l’est et du nord-est de l’île, a permis de nommer trois thèmes pertinents qui sont aussi des mécanismes constitutifs du processus de ségrégation résidentielle ethnique. Il s’agit du facteur ethnique dans le choix de l’agent par la clientèle, des modalités d’accès à la transaction et du «pilotage ethnique», soit une tendance à orienter les éventuels acheteurs d’une maison vers un quartier ou un autre en fonction de leur appartenance à une communauté ethnique.