Volume 35 numéro 31
4 juin
200
1

 



COLLATION DES GRADES

Docteurs honoris causa

Jacques Bougie

Antonine Maillet

Paul-Marie Lapointe

Frank Wilczek

John Peter Holding



Le doctorat
honoris causa est attribué à des personnalités de renommée nationale ou internationale. Il souligne leur contribution exceptionnelle à un domaine particulier, qu’il soit scientifique ou artistique, culturel ou économique, littéraire ou politique.


Jacques Bougie
On le surnomme «la dynamo d’Alcan». À la tête de la société pendant sept ans, Jacques Bougie a accédé à la direction de la deuxième entreprise mondiale d’aluminium à l’âge de 44 ans. Reconnu dans le milieu, tant par ses pairs que par ses concurrents, pour son sens de la planification, sa rigueur et sa capacité à cibler les critères de succès, M. Bougie a dirigé 40 000 employés répartis sur les cinq continents et ratifié de nombreuses ententes bénéfiques pour l’entreprise, dont la récente fusion avec le producteur suisse Algroup.

Outre le doctorat honoris causa que lui décerne l’Université de Montréal, de nombreux prix et distinctions jalonnent sa carrière. En 1994, M. Bougie a été nommé officier de l’Ordre du Canada et, en 1999, personnalité de l’année par le journal Les Affaires.

Plus que tout autre, Jacques Bougie incarne le courage et la détermination. Né à Montréal, il a appris à se débrouiller seul pour financer ses études puisque ses parents sont décédés alors qu’il avait 18 ans. Diplômé en droit de l’Université de Montréal, il devient à 26 ans secrétaire général de la Commission scolaire régionale de Chambly, puis trois ans plus tard directeur de la Société québécoise d’information juridique. Après avoir obtenu entre-temps un diplôme en administration des affaires à l’École des Hautes Études Commerciales, M. Bougie entre, en 1979, au service d’Alcan à titre de directeur de l’usine de Beauharnois, qui est relancée deux ans plus tard grâce à un plan d’action efficace.

Pendant 13 ans, il gravit les échelons jusqu’à la présidence en faisant sa marque dans le développement de projets d’envergure et la planification. En janvier 2001, l’ancien président et chef de la direction d’Alcan Aluminium limitée prend sa retraite à l’âge de 52 ans.


Antonine Maillet

Originaire de Bouctouche, en Acadie, l’auteure Antonine Maillet a écrit plus d’une quarantaine de pièces de théâtre, de récits et de romans qui ont à cœur de faire entendre la voix de sa région natale aux quatre coins de l’univers. Son œuvre s’est signalée au grand public par deux moments forts: en 1972, avec l’arrivée de la Sagouine sur les planches du Rideau vert, puis cinq ans plus tard avec le roman Pélagie-la-Charrette, qui a mérité le prestigieux prix Goncourt. Depuis, le roman a été traduit en langues anglaise, slovaque, bulgare et roumaine.

Lauréate d’un prix du Gouverneur général du Canada en 1972 pour Don l’Orignal, Antonine Maillet a remporté en 1997 le grand prix Paul-Féval de littérature populaire de la Société des gens de lettres de France pour Le chemin St-Jacques. Elle a, par ailleurs, reçu une vingtaine de doctorats honorifiques. Celui que lui décerne l’Université de Montréal veut souligner le feu sacré qui habite l’écrivaine et ses personnages.

L’œuvre littéraire d’Antonine Maillet commence par la publication de Pointe-aux-Coques, qui lui vaut en 1960 le prix Champlain. En 1962, elle publie son deuxième roman, On a mangé la dune. Quatre ans plus tard, l’auteure termine sa première pièce, Les crasseux, qui met en vedette cette fabuleuse femme au verbe inépuisable, la Sagouine. Depuis, la production de Mme Maillet connaît un rythme de croisière impressionnant: de 1971 à 1999, elle a notamment écrit 16 romans!

L’écrivaine acadienne, qui vit aujourd’hui à Montréal, a été honorée par ses pairs au récent Festival littéraire Northrop Frye, à Moncton, pour son talent qui, bien avant le prix Goncourt, l’a placée dans la lignée des Gabrielle Roy, Réjean Ducharme, Marie-Claire Blais, Anne Hébert et Jacques Ferron.


Paul-Marie Lapointe

Né à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean, le poète Paul-Marie Lapointe a publié à l’âge de 19 ans son premier recueil, Le vierge incendié, un des livres fondateurs de la poésie québécoise contemporaine. «On le connaît surtout pour ses poèmes, mais il a eu une carrière de journaliste exemplaire et a écrit quantité d’articles critiques et d’essais», signale Lise Gauvin, directrice du Département d’études françaises.

À l’âge de 21 ans, Paul-Marie Lapointe devient journaliste à L’Événement-Journal de Québec après des études interrompues à l’École des beaux-arts de Montréal. Quatre ans plus tard, il s’installe à Montréal et entre à La Presse. Membre fondateur de la revue Liberté, il participe en 1961 à la création du Nouveau Journal qui marquera, au début de la Révolution tranquille, le souffle d’une liberté nouvelle. Après quatre années comme rédacteur en chef du Magazine Maclean, M. Lapointe est engagé par la Société Radio-Canada en qualité de rédacteur en chef des émissions d’affaires publiques. Il y deviendra successivement directeur de l’information à la radio, directeur des programmes, puis vice-président de la radio de langue française.

Parallèlement à son métier de journaliste, Paul-Marie Lapointe mène une carrière de poète très remarquée. Il publie notamment le recueil Le réel absolu, qui lui vaut en 1972 le Prix du Gouverneur général du Canada. Mais la renommée de l’œuvre de Paul-Marie Lapointe dépasse nos frontières. En témoignent les traductions en diverses langues et la succession de prix littéraires, dont le prix Athanase-David en 1971, le prix de l’International Poetry Forum des États-Unis en 1976, le Grand Prix de poésie de la Francophonie Léopold-Sédar-Senghor en 1998 et, en 1999, le prix Gilles-Corbeil.

Celui que Gaston Miron a qualifié de «plus grand poète québécois» a publié en 1998 Le sacre aux Éditions L’Hexagone. L’auteur du poème «Arbres» a aujourd’hui 72 ans.


Frank Wilczek

Figure de proue de la physique moderne, le professeur Frank Wilczek est actuellement un des chefs de file de la physique fondamentale. Choisi en 1984 par la revue Science Digest comme l’un des 100 jeunes scientifiques les plus prometteurs, il a apporté une contribution remarquable tant dans son domaine de spécialisation, la physique des particules, qu’en cosmologie, en astrophysique, en physique de la matière condensée, en physique des plasmas et en mécanique des fluides.

Après une maîtrise en mathématiques à l’Université de Princeton, il poursuit des études de doctorat en physique sous la direction de David Gross. Ses recherches doctorales sur la chromodynamique quantique, aujourd’hui acceptée comme la théorie de l’interaction forte, confirment sa réputation de leader du domaine.

L’importance de ce travail et son impact ont valu à M. Wilczek d’être engagé dès l’obtention de son doctorat à titre de professeur de physique à l’Université de Princeton. En 1980, il est recruté par l’Institut de physique théorique de l’Université de Californie, à Santa Barbara, où il a joué un rôle déterminant quant à son développement. Auteur de plus de 200 articles scientifiques et de nombreux textes de vulgarisation, le professeur Frank Wilczek, aussi pianiste de talent, a récemment été nommé Herman Feshback Chair of Physics au Massachusetts Institute of Technology.

Parmi les nombreux honneurs reçus, M. Wilczek a notamment obtenu en 1986 le prix J.-J.-Sakurai de la Société de physique américaine, puis sept ans plus tard il a été élu membre de l’Académie américaine des arts et des sciences. En 1994, il recevait la médaille Dirac et le Prix du Centre international de physique théorique.


John Peter Holding

Né à Preston, en Angleterre, l’ingénieur en aéronautique John Peter Holding est entré chez Bombardier aéronautique (autrefois Canadair) en 1979, après des études en génie mécanique à l’Université de Manchester et au Harris Technical College de Preston. Depuis son entrée en fonction, il a gravi les échelons jusqu’à occuper le poste de vice-président directeur du volet ingénierie et développement des produits chez Bombardier aéronautique. M. Holding a 58 ans.

Le doctorat honoris causa que lui décerne l’Université de Montréal n’est pas le premier honneur qui lui échoit. En 1998, il a obtenu le prix von Karman du Conseil international des sciences de l’aéronautique, puis l’année suivante le prix orange du magazine Avion Week and Space Technology. Membre de plusieurs sociétés savantes, M. Holding a dirigé le Conseil national de recherches du Canada.

Dans les années 60 et 70, M. Holding a participé à la mise au point des systèmes de commande de vol sur des avions militaires Jaguar et Tornado dans le cadre d’un projet regroupant le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Dès son arrivée à Canadair, il a travaillé à plusieurs programmes de développement, notamment sur les avions Challenger, Regional Jet et Bombardier d’eau CL-215. En 1990, il est nommé vice-président à l’ingénierie de l’entreprise, puis hérite des responsabilités des opérations aériennes et de l’assurance qualité. Il est promu en 1993 au poste de vice-président du volet ingénierie pour l’Amérique du Nord avant de passer en 1996 à son poste actuel.