COURRIER
            
            Lutilité dun programme de mineur en études 
            portugaises
           
          Des démarches 
            sont actuellement en cours pour mettre sur pied un programme détudes 
            de la langue et des cultures dexpression portugaise à 
            lUniversité de Montréal par la création 
            dun mineur au Département de littératures et de 
            langues modernes de la Faculté des arts et des sciences. Cette 
            initiative doit être encouragée. En ce moment, bien quil 
            existe un lectorat de portugais et un module de formation en études 
            luso-brésiliennes, les étudiants désireux de 
            poursuivre leurs études au-delà des 15 crédits 
            offerts se trouvent dans un cul-de-sac.
            
            Pour les adeptes des langues latines, la langue portugaise ne présente 
            pas de difficultés phonétiques majeures. Elle permet 
            de découvrir des uvres littéraires qui font partie 
            du patrimoine culturel mondial comme Les Lusiades, de Luis 
            de Camões (1524-1580), et Les Maias, de Eça de 
            Queiróz (1845-1900), ainsi que des auteurs modernes comme le 
            phénomène inégalé que fut Fernando Pessõa 
            (1888-1935), qui créa plus de 72 noms hétéronymes 
            (noms de personnalités différentes sous lesquels il 
            écrivait) dont les 4 plus connus sont eux-même considérés 
            comme de grands écrivains portugais, sans oublier notre contemporain, 
            José Saramago, titulaire du prix Nobel de littérature; 
            pensons aussi à la littérature brésilienne avec 
            Jorge Amado, la littérature africaine avec Mia Couto, Papetela, 
            Grabato Dias, etc. Tous ces écrivains ne sont pas traduits 
            en français ou en anglais. Nombreux sont les Québécois 
            dorigine et dadoption qui, pour connaître le contexte 
            socioculturel de ces uvres et pouvoir les lire dans la langue 
            originale, désirent un vrai programme détudes 
            portugaises. Labsence de programme explique le faible nombre 
            détudiants qui choisissent actuellement ce cheminement.
            
            Dautres champs dintérêt aussi se manifestent, 
            ceux-là de nature politique, économique et commerciale. 
            On ignore souvent que le portugais vient au huitième rang des 
            langues les plus parlées dans le monde, avant le français 
            et lallemand, non seulement en Europe, mais aussi en Amérique, 
            en Afrique et en Asie, sans compter la diaspora portugaise aux quatre 
            coins de la planète. Étant lune des langues de 
            la Communauté européenne, de lUnion de lOuest 
            africain, de lUNESCO et des Nations Unies, son importance tend 
            à croître. Le poids du Portugal au sein de lUnion 
            européenne, dont il occupait la présidence lan 
            dernier, et les nombreux protocoles culturels et commerciaux qui sétablissent 
            entre le Portugal et le Canada et le Portugal et le Québec 
            contribuent à accroître lintérêt pour 
            communiquer dans la langue de Camões.
            
            Sur notre propre continent, la force économique du Brésil 
            est un argument de plus. Avec ses 170 millions dhabitants parlant 
            portugais, le Brésil est la huitième puissance économique 
            du monde et déjà lun des partenaires commerciaux 
            majeurs du Canada et du Québec. Les échanges culturels 
            et commerciaux avec le Québec ne cessent de croître. 
            À lheure du Sommet des Amériques, le Québec 
            et le Brésil se sont alliés pour exiger que le français 
            et le portugais soient à légal de langlais 
            et de lespagnol, langues officielles de ce nouvel espace de 
            libre-échange. Tout cela rend souhaitable et même nécessaire 
            pour de nombreux Québécois lapprentissage du portugais.
            
            De plus, il y a au Québec près de 60 000 personnes dexpression 
            portugaise qui habitent la région de Montréal et qui 
            ont le désir de maintenir leur langue et leur culture, de les 
            transmettre à leurs descendants et qui constituent un bassin 
            important de futurs étudiants pour le nouveau programme. 
            
            Créer un programme de mineur en études du portugais 
            et de ses diverses expressions culturelles ouvrirait à plusieurs 
            étudiants déjà inscrits dans un programme de 
            langue la voie à un baccalauréat en langues modernes 
            par le cumul de trois certificats, le Département de littératures 
            et de langues modernes offrant déjà des mineurs en études 
            hispaniques, allemandes, italiennes, helléniques (grec moderne).
            
            Il semble que le gouvernement du Portugal, à travers linstitut 
            Camões, soit prêt à appuyer financièrement 
            un tel projet. Le fruit semble mûr. Cest le moment de 
            le cueillir.
            
          Rénald 
            Bujold 
            Étudiant aux mineurs en études hispaniques et arts et 
            sciences (italien et portugais)
           
          