Volume 35 numéro 24
19 mars
2001




Explorer l’activité du cerveau pendant une caresse

La toxicomanie est-elle une maladie neurologique? Quels sont les gènes associés à la perception de la douleur? Y a-t-il dans le cerveau une voie somatosensorielle pour la caresse? Quel est le lien entre mémoire et sommeil? Peut-on envisager de traiter la dégénérescence rétinienne par la thérapie génique? Voilà quelques-unes des questions abordées par les étudiants du cours MMD 1132 et qui ont fait l’objet d’une présentation par affiches, le 2 mars dernier, dans le Hall d’honneur du Pavillon principal.

«Le cours a pour but de sensibiliser les futurs médecins à la recherche en leur donnant une expérience pratique. Cela fait partie de l’approche de l’apprentissage par problèmes», explique Allan Smith, professeur au Département de physiologie et chercheur au Centre de recherche en sciences neurologiques (CRSN).

Réunis en équipes de cinq, les 165 étudiants inscrits à ce cours ont suivi chaque étape de la réalisation d’une affiche, à l’exception de la recherche elle-même, qui aurait demandé plusieurs mois de travail. «Il s’agit essentiellement d’une recherche bibliographique, explique le professeur Smith. Mais nous avons fait des suggestions de thèmes à l’avant-garde des recherches sur le système nerveux.»

Une équipe a choisi par exemple le thème «Mémoire des images visuelles chez les amnésiques». Sous la supervision d’un professeur, les étudiants ont d’abord pris connaissance d’une expérience menée récemment avec le jeu vidéo bien connu Tétris où, pour gagner, le joueur doit aligner des formes géométriques. Trois groupes (experts, novices et amnésiques) ont participé à l’expérience, qui consistait à jouer pendant sept heures en trois jours. L’objectif était d’expliquer pourquoi les amnésiques rêvent aux rectangles, carrés et autres éléments géométriques alors qu’ils n’ont aucun souvenir d’avoir joué...

La supervision de chacun des 33 thèmes de recherche était assurée par un chercheur lié au CRSN. Outre M. Smith, des chercheurs comme Maryse Lassonde, Laurent Descarries, Serge Rossignol, Guy Doucet, Louis-Éric Trudeau et Vincent Castellucci ont participé à ces travaux.

Très peu des 165 étudiants choisiront de faire carrière dans la recherche à l’issue de leur doctorat en médecine. Probablement moins de 10 d’entre eux en fait. Cela désole-t-il des chercheurs comme Allan Smith? «Pas du tout, si ce sont les 10 meilleurs», répond-il. Mais les 155 autres auront tout de même vécu, l’espace d’un trimestre, une initiation à l’enivrante expérience de la découverte scientifique.

Parrainé par la société pharmaceutique Merck Frosst, le congrès étudiant a obtenu un financement permettant de récompenser les meilleures présentations. Fabienne Parente, Sophie Alloul, Marie-Ève Carrier, Marianne Simonvi-Poirie et Sophie Dupéré, pour leur exposé sur la maladie de la vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine), ont gagné le premier prix consistant en un bon d’achat de 250$ à la librairie de l’Université de Montréal. Le deuxième prix (150$ toujours en bons d’achat) a été remporté par Patrick Benhaim, Frédéric Sauvé, Alexandre Cadrin-Chênevert, Ernest Tewfik et Nathael Leduc Arbour pour leur affiche intitulée «La maladie d’Alzheimer: approche thérapeutique par vaccination».

Mathieu-Robert Sauvé