Des étudiants de l’UdeM ont pris part aux deux grandes guerres
             
            LUniversité 
            a fait sa part dans leffort de guerre.
          
             
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                    | Des 
                      centaines détudiants ont porté les drapeaux 
                      durant les guerres de 1914-1918 et 1939-1945. Sur cette 
                      photo, un défilé commémore le souvenir 
                      des anciens de lUniversité morts au champ dhonneur. |  | 
          
           
          Durant la première 
            moitié du 20e siècle, lUniversité de Montréal 
            compte un «corps-école des officiers canadiens» 
            constitué détudiants. Aussitôt mobilisés 
            lorsque les deux conflits mondiaux éclatent, en 1914 et en 
            1939, les membres de cette milice doivent respecter les conditions 
            de larmée pour demeurer inscrits à lUniversité. 
            En 1942-1943, on compte pas moins de 1800 étudiants dans cette 
            unité.
            
            Sans cesser de suivre ses cours, létudiant consacre plusieurs 
            heures par semaine à lentraînement militaire pour 
            un total de 110 heures dans le semestre. Même durant les vacances, 
            lentraînement se poursuit.
            
            Les autorités exigent également que les étudiants 
            soient des candidats formés à la cause de la victoire 
            à tel point quil est question de fermer les facultés 
            «inutiles». La médecine est très précieuse, 
            mais on ne peut pas en dire autant des facultés de droit, des 
            lettres, des arts et des sciences sociales, économiques et 
            politiques ainsi que de lÉcole des Hautes Études 
            Commerciales, qui ne produisent pas de bons candidats pour larmée. 
            Cette question atteint de telles proportions que le premier ministre 
            du Québec, Adélard Godbout, tente de rassurer le secrétaire 
            général de lUniversité de Montréal, 
            Édouard Montpetit, dans une lettre quil lui adresse le 
            30 décembre 1942. Mais il lui explique que létat 
            de guerre ne lui laissait pas une grande marge de manoeuvre. Finalement, 
            aucune faculté ne sera fermée.
            
            Pendant la guerre, même les dons de sang ont une saveur militaire. 
            Aussi le président de la société de la Croix-Rouge 
            intervient-il auprès du recteur, le 9 février 1943, 
            pour stimuler la participation de la communauté. «Nous 
            vous demandons de bien vouloir vous faire notre interprète 
            et insister auprès des nombreux jeunes gens de votre université 
            pour que chacun par esprit de générosité et de 
            patriotisme donne de son sang à la Croix-Rouge. Fort de votre 
            appui, nous ne doutons pas que chacun répondant à votre 
            appel voudra se donner la joie profonde de savoir quil a pu 
            contribuer à sauver la vie dun frère en danger.»
            
            Par ailleurs, la guerre crée des besoins bien particuliers 
            sur le plan scolaire. Ainsi la Faculté de médecine offre 
            des cours de médecine militaire: «principes généraux 
            de traitement des blessures», «hygiène des camps», 
            «maladies vénériennes et dermatologie», 
            «médecine navale» et «médecine daviation». 
            À lÉcole Polytechnique, les étudiants sinscrivent 
            à des cours de T.S.F. en vue de devenir techniciens de radiodiffusion.
            
            Durant la guerre de 1914-1918, médecins, chirurgiens, pharmaciens 
            et dentistes de «lUniversité Laval à Montréal» 
            sont engagés à lHôpital canadien numéro 
            4, aménagé sur lhippodrome de Saint-Cloud. On 
            y érige des tentes avec des salles baptisées Montréal, 
            Québec, Trois-Rivières, Maisonneuve, Halifax, Sherbrooke, 
            Ottawa.
            
            Un autre hôpital militaire, à Joinville-le-Pont, compte 
            1040 lits sous la gouverne de 319 personnes, dont 39 officiers et 
            73 infirmières. De ce nombre, parmi les 32 médecins 
            assignés, la majorité sont de lUniversité 
            de Montréal. Du 1er juillet 1918 au 9 mai 1919, on y a soigné 
            143 Canadiens, 527 Anglais, 2964 Français et 220 Allemands.
          
            Le projet Manhattan
            LUniversité de Montréal participe de manière 
            scientifique à leffort de guerre. Cest sous le 
            nom de «projet Manhattan» que sont élaborés 
            en secret, dans les locaux du Pavillon principal, les principes de 
            la bombe atomique. Sous la direction de Hans von Halban, un groupe 
            de scientifiques français, italiens et même des professeurs 
            de lUniversité se joignent à cette mission.
            
            Le laboratoire est opérationnel à partir de mars 1943. 
            Le mandat du groupe de recherche est le suivant, daprès 
            W. Eggleston dans son livre Canadas Nuclear Story: «Utiliser 
            lexpertise en eau lourde acquise à Paris et à 
            Cambridge pour produire le plus vite possible un réacteur à 
            eau lourde à luranium naturel.»
            
            Lorsquil est interrogé sur le rôle de lUniversité 
            dans ces travaux ultrasecrets, Mgr Olivier Maurault répond: 
            «Le National Research Council occupe depuis cinq ans des locaux 
            dans quelques ailes (destinées au futur hôpital universitaire) 
            de notre bâtiment. Il nest permis à personne de 
            lUniversité dy pénétrer. Et nous 
            navons aucun rapport avec les chercheurs qui y sont enfermés.»
          
            Des soldates canadiennes-françaises
            Pendant la Deuxième Guerre, larmée forme un corps 
            féminin, mais très peu de Canadiennes françaises 
            en font partie. Parmi celles-ci, bon nombre sont des filles de militaires. 
            Mais même soldate, une femme demeure dabord une chrétienne. 
            Le lieutenant-colonel C.F. Chartier, aumônier militaire du district 
            de Montréal, se charge de le rappeler: «Sous luniforme, 
            une jeune fille se doit de garder les vertus qui font les beautés 
            de lâme, à savoir la piété, lhumilité, 
            la dignité.»
            
            LUniversité de Montréal compte bien peu de jeunes 
            filles parmi ses étudiantes. La guerre a appelé la femme 
            et la jeune fille à travailler pour la victoire. Ce qui nempêche 
            pas les jeunes hommes étudiants davoir leur opinion sur 
            le sujet. Christine Lemaire, dans son mémoire de maîtrise 
            en histoire, intitulé «Les femmes à lUniversité 
            de Montréal vues à travers un journal étudiant: 
            Le Quartier latin (1927-1945)», rapporte les propos dun 
            étudiant dans le numéro du 19 mars 1943: «Poussés 
            par le désir de sauver le pays et sauvegarder la sainte démocratie, 
            des gouvernements sans vergogne veulent saboter la nation en détruisant 
            la famille, lélément même de la société. 
            Cest pourquoi nous exprimons de graves appréhensions 
            au sujet du foyer chrétien. Il nous faut à tout prix 
            sauver la valeur humaine, sociale et chrétienne de la femme. 
            Si, pour gagner la guerre, nous devons détruire la famille, 
            la victoire ne nous apparaîtra plus quune désastreuse 
            défaite.»
          
            Merci aux alliés
            Pour remercier les Canadiens de leur aide durant la guerre, le gouvernement 
            de Grande-Bretagne vient dévoiler deux plaques. Le duc dÉdimbourg 
            se présente le 17 mai 1962 pour remercier ceux qui ont travaillé 
            au projet Manhattan mais, huit ans plus tôt, le 14 septembre 
            1954, la duchesse de Kent était venue dévoiler une plaque 
            pour souligner la participation du contingent du Corps-école 
            dofficiers canadiens de lUniversité de Montréal. 
            Cette unité a fourni quelque 1200 officiers aux forces armées 
            du Canada, rappellera-t-elle. Ils ont servi dans la marine, larmée 
            et laviation au cours des campagnes en Afrique, en Italie, en 
            France, en Belgique, en Hollande et en Allemagne.
            
            Dautres ont donné leur vie pour défendre la liberté 
            proclamée dans la charte de lAtlantique. Dieppe, les 
            îles Bevelen et Walcheren, en particulier, ont été 
            témoins de leur héroïque sacrifice. Sur la plaque, 
            on peut lire: «Que leur gloire nous soit un exemple, que leur 
            conduite nous inspire et que la terre étrangère sous 
            laquelle ils reposent leur soit légère.»
          
            Après la guerre
            Plusieurs des combattants revenant du front entreprennent des études 
            universitaires ou manifestent le désir de le faire. Pour répondre 
            à cette demande, le gouvernement fédéral met 
            sur pied le University Training Programm. Quelque 50 000 combattants 
            sy inscrivent.
            
            À lUniversité de Montréal, installée 
            dans limmeuble de la montagne depuis 1942, lafflux de 
            cette masse étudiante (comprenant une proportion grandissante 
            de femmes) prend tout le monde au dépourvu. On doit procéder 
            à une réorganisation des structures. La campagne de 
            financement de 1948 est préparée dans cette intention.
            
            Dans le numéro doctobre 1944 de la revue des diplômés, 
            LAction universitaire, plusieurs personnes témoignent 
            de leur vision de laprès-guerre. Laure Hurteau parle 
            de luniversité au seuil de lavenir féminin. 
            «Au lendemain de la guerre, ce ne seront plus les forces qui 
            seront mobilisées, mais bien les capacités et les valeurs 
            intellectuelles qui auront la cote. Si, dans cet avenir, les femmes 
            entendent avoir leur place, les hommes nont pas à salarmer 
            car, hélas! lunivers ne se renouvelle pas si facilement 
            que cela. Il ny a pas à craindre, même au XXIe 
            siècle, de voir les femmes bouleverser le monde.»
            
          Denis 
            Plante
            Archiviste
            Division des archives
            www.ARCHIV.umontreal.ca
          
          Sources:
            Université de Montréal, Fonds du Secrétariat 
            général (D35).
            Université de Montréal, fonds Gaspard-Gauth (P5), 
            supplément.
            Gilles Lafontaine, «LUniversité de Montréal 
            et sa participation à la Deuxième Guerre mondiale», 
            mémoire de maîtrise présenté à la 
            FES, octobre 1985, 188 pages.
            Christine Lemaire, «Les femmes à lUniversité 
            de Montréal vues à travers un journal étudiant: 
            Le Quartier latin (1927-1945)», mémoire de maîtrise 
            présenté à la FES, février 1990.
            LAction universitaire, revue de lAssociation 
            générale des diplômés de lUniversité 
            de Montréal.
            Le Quartier latin, journal de lAssociation des 
            étudiants de lUniversité de Montréal.
            Pierre Vennat, Les héros oubliés, tome 2, Montréal, 
            Éditions du Méridien.
           
          