Volume 35 numéro 6
2 octobre 2000


 


L’ISU s’implante sur le campus de l’UdeM
L’Institut de la statistique de l’UNESCO emménagera dans ses bureaux en juin prochain.

De gauche à droite: Jacques Girard, président de Montréal international; Denise Lievesley, directrice de l’Institut de la statistique de l’UNESCO; et Patrick Robert, vice-recteur aux affaires publiques et au développement de l’Université de Montréal.

«Quelque 113 millions d’enfants dans le monde ne fréquentent pas l’école; près de 60% sont des jeunes filles qui ne savent ni lire ni écrire. Le problème ne touche pas que les pays en voie de développement: le nombre d’adultes analphabètes s’élève à 875 millions à l’échelle mondiale», signale Denise Lievesley.

Pour la directrice de l’Institut de la statistique de l’UNESCO (ISU), de telles données sont nécessaires afin de mieux comprendre les phénomènes sociaux et d’améliorer les niveaux de vie. L’Institut, créé à Paris en novembre 1999 au cours de la 30e conférence générale de l’UNESCO, veut documenter des sujets d’intérêt public comme l’éducation, la science et la technologie, la culture et la communication. Son mandat est de rassembler des statistiques, fiables et pertinentes pour aider à la prise de décision des États membres et faciliter le débat démocratique dans les domaines de compétence de l’UNESCO. L’ISU s’établira dès le mois de juin sur l’avenue Decelles, au sixième étage de l’ancien pavillon des HEC.

«Le choix de Montréal s’est imposé par la richesse du réseau professionnel et par la qualité du soutien technique auquel l’Institut aura accès», a déclaré Mme Lievesley le 25 septembre dernier au cours d’une conférence de presse. Cette décision, entérinée par le directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, et son conseil de direction, fait suite à un long processus de sélection. Le comité d’experts, formé de quatre membres du conseil d’administration de l’ISU, a unanimement classé Montréal au premier rang. Trois autres villes s’étaient portées candidates: Birmingham (Grande-Bretagne), La Haye (Pays-Bas) et Paris (France).

La ville canadienne a devancé sa plus proche rivale, Birmingham, par 20 points. Les critères d’évaluation découlaient de trois principaux objectifs: assurer la qualité des données, la validité des analyses et l’évaluation efficace des programmes; améliorer la capacité des États membres à collecter et à analyser les données; et offrir aux employés et à leur famille un milieu de vie dynamique et hospitalier.

«La notoriété internationale du Canada en matière de collecte et de validation des données statistiques, la tradition d’excellence et de collaboration des divers centres de recherche et la qualité de vie qu’on trouve à Montréal ont joué en notre faveur», affirme Jacques Girard, président de Montréal international.

Cet organisme a piloté le projet de candidature de Montréal de concert avec l’ensemble des universités de la région métropolitaine. L’Institut national de la recherche scientifique (INRS), les gouvernements du Canada et du Québec et la Ville de Montréal ont aussi répondu à l’appel de propositions lancé en janvier dernier aux 58 pays membres de l’UNESCO.


Un domaine en croissance

Patrick Robert, vice-recteur aux affaires publiques et au développement de l’Université de Montréal, a salué la décision de l’UNESCO en rappelant que la vocation internationale de l’UdeM et sa place dans le réseau mondial de la recherche statistique se confirment de plus en plus.

Selon Paul Bernard, professeur au Département de sociologie, l’implantation de l’Institut amènera au cours de la première décennie des retombées économiques de 8 à 10M$ par année. Le sociologue, qui a participé à l’élaboration du rapport soumis à l’UNESCO, ajoute que l’Institut a obtenu le mandat de proposer des programmes de formation.

«Devant l’intérêt et la demande croissante pour les statistiques sociales, les établissements d’enseignement et de recherche et les instituts de recherche appliquée de Montréal collaborent les uns avec les autres; ils sont particulièrement actifs dans les domaines qui intéressent l’UNESCO, fait valoir le professeur. Cela tombe pile pour l’UNESCO: l’UdeM et l’INRS sont en processus de mobilisation et de développement d’infrastructures pour faciliter l’accès aux données.»

La synergie entre les divers établissements de recherche et d’enseignement de même que l’excellente réputation des agences de statistique au Canada et l’expérience du pays dans le secteur de l’aide internationale ont influé sur la décision de l’UNESCO. L’implantation de l’Institut à Montréal représente une première en Amérique du Nord. Jusqu’à présent, aucune agence de l’UNESCO n’était établie sur ce territoire. Outre le siège à Paris, six autres unités sont localisées à la Barbade, en Suisse, en Roumanie, en Allemagne et au Venezuela.

Dominique Nancy