Volume 35 numéro 1
28 août 2000


 


Les bibliothèques dans les priorités de la relance
Le nouveau directeur des bibliothèques, Jean-Pierre Côté, entend commencer
par consolider les bases du réseau.

Jean-Pierre Côté, directeur général de la Direction des bibliothèques, se réjouit de l’engagement pris par l’Université de hausser le budget des bibliothèques.

En tant que service essentiel, les bibliothèques de l’Université ont lourdement souffert des années de compressions budgétaires qu’on vient de traverser. Mais l’heure est maintenant à la relance. Le vice-rectorat à la planification a en effet désigné les bibliothèques comme un service qui devait être privilégié par le programme de relance visant à faire de l’Université de Montréal un complexe universitaire de calibre international.

C’est dans ce contexte encourageant que le nouveau directeur général de la Direction des bibliothèques, Jean-Pierre Côté, entrait en fonction le 1er juin dernier. L’opération de redressement ne sera toutefois pas une mince tâche. «Tout doit être mené de front parce que toutes les composantes des bibliothèques — collections, développement informatique, environnement physique, formation du personnel — forment un tout», souligne le directeur.

Les acquisitions de périodiques et de monographies feront l’objet cette année d’une attention particulière. À ce chapitre, Jean-Pierre Côté pourra compter sur un budget accru de un million de dollars, soit plus de 6,8 M$ sur un budget global de 17,3 M$. Sur trois ans, le budget total de la Direction des bibliothèques sera haussé au minimum de quatre autres millions, ce qui ne tient pas compte des négociations actuellement en cours avec le ministère de l’Éducation.

«C’est un engagement réel et très encourageant de la part de l’Université, se réjouit le directeur, mais qui demeure encore insuffisant pour effacer le gouffre créé par les compressions. Même si le budget a été maintenu à un niveau stable au cours des années précédentes, nous avons perdu en réalité de 10 à 12 % de notre capacité d’achat à cause de l’augmentation des coûts reliés aux acquisitions.»

Lorsqu’il sera porté à 21 M$ dans trois ans, le budget des bibliothèques ne représentera toujours que 6,5 % du budget global de l’Université de Montréal alors que l’ensemble des universités canadiennes consacrent actuellement à ce service une moyenne de 7,5 % de leur budget. L’université avec laquelle l’UdeM se compare, celle de Toronto, alloue à ses bibliothèques 10,4 % de son budget. L’objectif à atteindre pour Jean-Pierre Côté est de passer de 7 à 8 % du budget, soit l’équivalent de l’Université McGill.

Le directeur pourra en outre compter sur une portion des 20 M$ que la Fondation canadienne pour l’innovation consentira à 64 universités canadiennes afin notamment de soutenir les acquisitions de périodiques électroniques.


Consolidation et développement

Jean-Pierre Côté a par ailleurs été étonné de constater la grande disparité entre les aménagements physiques des bibliothèques. Il y a des cas extrêmes, comme la Bibliothèque de physique et le dépôt central, qu’il faudra «revitaliser», et les bibliothèques paramédicale et de musique, qui sont saturées. Il devra également trouver une solution à la dispersion dans trois pavillons des collections de sciences comme celles de physique, de biologie et de botanique.

Mais avant tout projet d’aménagement majeur, ses objectifs immédiats et prioritaires sont de l’ordre du prédéveloppement. «Il faut d’abord consolider les bases et les acquis des dernières années, indique-t-il. Beaucoup a été fait, mais les compressions nous ont parfois privés du petit plus qui permettrait de compléter le travail.» Par exemple, 400 000 $ ont été investis dans la mise en format Web du catalogue général alors que les terminaux Atrium ne sont pas compatibles avec ce format; il faudra donc remplacer ces quelque 165 appareils déjà obsolètes. Les besoins en postes de travail, pour consultation rapide et recherche, sont pour leur part de 750 appareils alors qu’on n’en compte que 290.

Toujours au chapitre de l’informatique, l’augmentation des abonnements aux périodiques électroniques, la mise en réseau des banques de données qui ne sont accessibles que dans une seule bibliothèque, le développement du site Web pour en faire un outil central et la promotion de services permettant de recevoir des documents directement sur son ordinateur (voir l’encadré) sont aussi parmi les «priorités prioritaires».

Qui dit informatique dit changements constants et besoin de formation en conséquence. Jean-Pierre Côté entend donc mobiliser son personnel afin qu’il participe davantage à la formation des étudiants et des professeurs. «Une bibliothèque, ce ne sont pas que des livres et il y a une méconnaissance de ce que ce lieu est devenu et peut nous offrir. Le personnel constitue l’interface entre les produits et les usagers. Il faut lui redonner confiance dans les possibilités de développement et l’amener à jouer un plus grand rôle dans l’appropriation, par les usagers, des nouveaux outils de recherche. En consolidant le service aux usagers, le personnel contribuera ainsi à la qualité de la formation des étudiants.»

Le directeur s’est par ailleurs réjoui de la grande compétence des 284 personnes, cadres, professionnels, techniciens et employés de bureau travaillant au sein de son service et qu’il a tenu à rencontrer sur leurs lieux de travail au cours de sa tournée du réseau.


Scène internationale

Finalement, Jean-Pierre Côté entend tout mettre en œuvre pour accélérer l’adhésion de l’Université de Montréal à l’Association of Research Libraries (ARL). Dans son plan de développement, le vice-rectorat à la planification qualifie d’«injustifiée» l’absence de l’UdeM à ce forum nord-américain. Des 10 plus grandes universités canadiennes, seule l’UdeM n’est pas membre de cette association.

Mais n’entre pas qui veut à l’ARL; on n’y accepte qu’une seule nouvelle candidature par année et les frais annuels d’adhésion sont de 25 000 $. «Indéniablement, cela en vaut le coût, assure le directeur. Il s’agit d’un important club d’experts qui élabore et fournit des outils de recherche et qui sensibilise le milieu des éditeurs aux problèmes des bibliothèques universitaires. L’adhésion à l’ARL représente également une reconnaissance de haut calibre pour une université de recherche; si l’Université de Montréal veut jouer la carte d’une grande université nord-américaine, il faut qu’elle assume ses responsabilités et obligations.»

Daniel Baril



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D.B.