Volume 35 numéro 1
28 août 2000


 


Des patrouilleurs à vélo
Cinq constables de la Sûreté sillonnent le campus.

C’est pour se rapprocher de la clientèle que Claude Béliveau
et Carole Audy, constables spéciaux de la Sûreté de l’Université de Montréal, ont mis sur pied une patrouille à vélo. Trois autres constables ont reçu la formation sur mesure du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal. Ils sillonneront le campus
jusqu’aux premières neiges.

Le campus de l’Université de Montréal est étendu et parsemé de boisés, sentiers étroits et autres recoins qu’il est difficile de bien surveiller. Surtout en auto-patrouille. C’est pourquoi les constables Carole Audy et Claude Béliveau, de la Sûreté, ont suggéré d’imiter le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, qui compte depuis six ans des patrouilleurs à bicyclette.

«Les gens ne se méfient pas d’un vélo alors que, c’est bien connu, les malfaiteurs déguerpissent quand ils voient arriver une auto-patrouille», explique Carole Audy, constable à l’Université de Montréal depuis 14 ans.

Dans l’esprit de la police communautaire, la patrouille à vélo est un excellent moyen de faire de la prévention. Le patrouilleur est facile d’accès et paraît moins répressif que son collègue motorisé. «Pendant les initiations, nous allons certainement être plus utiles que par les années passées», reprend Mme Audy. Certains initiateurs font boire les nouveaux avec un entonnoir. C’est formellement interdit. Jusqu’à main tenant, les joyeux lurons cachaient l’objet litigieux lorsque l’auto-patrouille approchait. Le vélo sera plus difficile à voir venir.

Les constables doivent également intervenir en situation d’urgence. Tous les agents de la Sûreté ont une formation de policier, ce qui signifie qu’ils ont le pouvoir d’enquêter et d’arrêter; la seule différence, c’est qu’ils ne portent pas d’arme à feu.

«Le vélo, quand on sait s’en servir, est une arme offensive au même titre que la matraque, signale M. Béliveau. On peut le placer comme une barricade devant des agresseurs en le faisant pivoter sur la roue arrière ou en le soulevant. Des choses auxquelles nous n’aurions jamais pensé si nous n’avions pas suivi une formation spécialisée.»


Une formation de trois jours
En plus des deux promoteurs du projet, les constables Richard Borden, Richard Martin et Nathalie Vézina ont suivi, en mai dernier, une formation sur mesure. Pendant trois jours, les patrouilleurs ont appris à manœuvrer leur véhicule de façon à intervenir rapidement et avec efficacité. Ils ont reçu un certificat à l’issue de leur session et ils sont les seuls à pouvoir utiliser les vélos de la Sûreté.

Offert par le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, le cours s’adressait aux agents qui ont déjà une certaine aisance sur deux roues. Le premier exercice consistait à évaluer les habiletés des participants, qui devaient circuler entre des bornes, toucher certaines cibles, faire diverses opérations de freinage et effectuer de multiples virages. En cas d’échec à ce test, l’agent ne pouvait pas obtenir le certificat.

Le cours comportait un entraînement sur le terrain, où l’agent a appris à descendre des escaliers ou à franchir un talus sans quitter sa selle. Il devait aussi apprendre à maîtriser le freinage en crochet, la projection du vélo sur un assaillant en faisant volte-face et différentes manœuvres défensives. La troisième partie du cours se déroulait après le coucher du soleil. Les agents devaient se montrer capables d’interpeller en pleine nuit un suspect d’activité criminelle dans un parc ou dans la rue.

«Les corps policiers du Canada et des États-Unis qui ont appliqué le principe du patrouilleur à vélo sont très satisfaits, signale Carole Audy. Il s’agit d’un mode d’intervention très efficace tant pour la prévention que pour la répression.»


Une initiative soutenue

Marcel Descart, surintendant de la Sûreté, et Laurent Lamerre, le supérieur immédiat des constables, ont appuyé sans réserve l’initiative de Carole Audy et Claude Béliveau. «Pour nous, ce mode d’intervention s’inscrit dans la philosophie de l’approche client, dit M. Descart. Nous allons l’apprécier dès la rentrée puisque les initiations se déroulent simultanément dans une quinzaine de lieux. Le vélo permet un contact direct avec les usagers.»

De plus, comme le souligne M. Lamerre, les patrouilleurs peuvent se déplacer beaucoup plus rapidement d’un endroit à l’autre, car ils connaissent des raccourcis entre les pavillons. «Et ils pourront surveiller beaucoup plus étroitement les parcs de stationnement pour bicyclettes, où l’on rapporte occasionnellement des vols», dit-il.

Pour les premiers mois de cette opération, on laisse le choix aux cinq patrouilleurs de prendre l’auto ou le vélo. Par temps de pluie, notamment, personne ne sera forcé d’enfourcher la bicyclette. De plus, aucune contrainte n’a été exercée sur les constables pour qu’ils se mettent au vélo. Mais dans certains cas, ce sera joindre l’utile à l’agréable.

Mme Audy et son collègue sont depuis longtemps des amateurs de vélo. M. Béliveau, qui habite dans l’est de Montréal, vient tous les jours travailler à bicyclette. Une distance de 30 kilomètres, beau temps mauvais temps. Quand il n’en a pas assez, il fait un détour et gravit la côte Camillien-Houde. «Il faut trouver des moyens de rester en forme pour suivre les jeunes, dit-il en souriant. À mon âge...»

Mathieu-Robert Sauvé