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Elle vole pour terminer sa maîtrise

Grâce à son travail comme agente de bord, une étudiante effectue ses recherches aux Archives nationales de Paris.

L'histoire et les voyages ne sont pas les seuls champs d'intérêt de Marie-Lyse Paquin. L'étudiante à la maîtrise au Département d'histoire a interprété, en avril dernier, un rôle dans Le soulier de satin, mis en scène par Michel Forgues et produit par le Théâtre de l'Université de Montréal.

"Lorsque Chartres ne peut venir à soi, il faut s'y rendre." C'est ce que Marie-Lyse Paquin s'est dit quand elle a su qu'elle ne pouvait pas faire venir de l'École de Chartres, en France, la seule étude disponible liée à son sujet de mémoire. Loin de se décourager, l'étudiante opte pour le système D: elle ira à Paris consulter le précieux document. L'aller-retour ne représente pas un problème puisqu'elle est agente de bord pour la compagnie Royal.

"J'adore voyager. Et en plus, mon emploi m'offre la possibilité de faire des recherches aux Archives nationales, lance la jeune femme âgée de 25 ans. Pourquoi ne pas en profiter?" Mais même avec l'accès à l'information nécessaire pour la rédaction de son mémoire, elle n'est pas au bout de ses peines. Elle doit consulter sur place la thèse et prendre des notes, car il est interdit de photocopier ou d'emprunter les collections des Archives. Et pour ajouter à sa frustration, ses collègues visitent la tour Eiffel, les Champs-Élysées ou encore le musée du Louvre pendant qu'elle dépouille la documentation.

Mais elle tient bon. "La rédaction d'un mémoire est un défi à l'origine, des efforts en cours de route et enfin une grande satisfaction à la réalisation", souligne l'étudiante en histoire qui déposera prochainement son étude. Où a-t-elle puisé sa détermination pour mener à terme son projet? "Ma motivation provenait en grande partie des encouragements de ma famille, de mon entourage et de Claude Sutto, mon directeur de maîtrise, tient à signaler Marie-Lyse Paquin. Le choix de mon sujet de recherche a aussi été déterminant dans ma réussite, confie-t-elle. Il réunit mes deux grandes passions: les voyages et l'histoire."

Récits de voyageuses du 18e siècle
Au cours de la seconde moitié du 18e siècle, de nombreux récits de voyages ont été publiés par des hommes. "On disait même à l'époque, afin de démontrer l'importance d'une mode ou d'un courant de pensée, qu'il s'étendait jusqu'aux dames", raconte l'étudiante. En tout cas, son étude sur les récits féminins a révélé qu'au moins trois d'entre elles avaient des préoccupations et des approches différentes de celles des hommes.

Bien que Mmes Boccage, Roland et de Genlis aient, paraît-il, perçu l'Angleterre dans la même optique que la plupart de leurs contemporains, leur style d'écriture et les thèmes abordés étaient différents de ceux des voyageurs. "Toutes les trois accordaient une plus grande place à la description des gens et des lieux visités qu'aux institutions anglaises, souligne l'historienne. Plus centrées sur la vie quotidienne, elles offraient des détails sur certaines moeurs des Anglais."

Parmi les premières Françaises à écrire ce genre de romans, ces femmes ont privilégié une approche originale pour l'époque: un style autobiographique et romantique. L'engouement pour cette forme narrative deviendra d'ailleurs à la fin du siècle une tendance dans les récits de voyages, même chez les hommes!

Selon l'analyse de l'étudiante, ces trois voyageuses ont cependant abordé timidement les sujets considérés à l'époque comme masculins: la politique, la justice, les sciences, la philosophie et la religion. Dans certains cas, elles sont même demeurées muettes. Et puis, elles reprenaient parfois, semble-t-il, certains stéréotypes véhiculés dans la littérature: la générosité nationale, le patriotisme, l'esprit philosophique et la simplicité des Anglais.

"Elles admiraient particulièrement la modestie, la bonne éducation et le dévouement maternel des Anglaises, précise Marie-Lyse Paquin. En accord avec l'idéal féminin de Jean-Jacques Rousseau, Mmes Boccage, Roland et de Genlis considéraient le bonheur du foyer comme leur premier devoir. N'empêche qu'elles réclamaient aussi le droit à une bonne éducation", fait valoir l'étudiante, qui a reçu une bourse du FCAR pour effectuer sa recherche.

Dominique Nancy


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