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Bernard Lord rencontre une centaine d'étudiants

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick témoigne de la réalité d'une campagne électorale.

"Le Nouveau-Brunswick est différent, pour ne pas dire distinct. C'est la seule province canadienne officiellement bilingue", a souligné Bernard Lord, premier ministre du Nouveau-Brunswick, au cours d'une visite à l'Université.

Le 7 octobre dernier, les étudiants du baccalauréat bidisciplinaire en communication et politique sont entrés dans leur salle de classe sous les yeux de plusieurs gardes du corps et agents de sécurité aux aguets. C'est que le conférencier invité, Bernard Lord, dirige la province canadienne la plus chaude de l'heure. Toutefois, il était là non pas pour parler de homards, mais pour raconter son ascension, que certains qualifient de plus grand renversement de l'histoire de la politique canadienne.

"Je suis flatté d'être qualifié d'étoile montante, a souligné le premier ministre du Nouveau-Brunswick. J'espère que je ne serai pas une étoile filante", a-t-il dit en réponse à la présentation du professeur Richard Nadeau avant de livrer les secrets de la réussite de sa dernière campagne électorale.

Alors que le Parti progressiste-conservateur (PC) du Nouveau-Brunswick ne disposait d'aucun siège en 1987, il en compte aujourd'hui pas moins de 44 sur 55. Avec cette position confortable, le jeune politicien âgé de 34 ans a bien l'intention de changer la façon dont le gouvernement s'occupe des Néo-Brunswickois.

Mais quelle stratégie a donné lieu à un tel renversement? "Une campagne positive, répond Bernard Lord. Il ne suffit pas de dire que le gouvernement a coupé ici et là. Il faut proposer des idées aux gens. Nous avons suggéré un changement et la population nous a appuyés parce que nous offrions une nouvelle vision de l'avenir."

Une victoire d'autant moins prévisible qu'un sondage commandé par le Parti révélait un faible appui de la part des Néo-Brunswickois à quelques semaines du scrutin. "Nous étions, paraît-il, en dernière position. J'ai décidé de me présenter quand même. Quelques mois plus tard, nous remportions les élections avec 67% des votes", a raconté le chef politique.

On comprend pourquoi Bernard Lord trouve que les sondages sont trompeurs. Il se dit d'ailleurs en faveur des études en sciences politiques plutôt que des sondages. Ce qui a fait sourire la centaine d'étudiants présents, y compris Richard Nadeau, professeur au Département de science politique et spécialiste en conception et analyse de sondages politiques.

Un plan de 200 jours
C'est le programme du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, formulé noir sur blanc dans un plan assurant des gains précis à la province, qui a été la clé de son succès, soutient son chef. "Nous avons informé les gens de ce que nous allions concrètement faire pour eux dans les 200 premiers jours de notre mandat", a signalé M. Lord.

Ce plan met l'accent sur cinq priorités: changer le mode de fonctionnement du gouvernement; renouveler les soins de santé; créer de nouvelles perspectives d'emploi; mieux gérer et réduire les impôts; et enfin investir dans l'éducation. "Nous avons établi des cibles de réussite pour chacun des domaines prioritaires afin d'arriver à satisfaire ces principaux besoins de la population du Nouveau-Brunswick. Au 108e jour de notre mandat, nous avons déjà réalisé 10 de nos 20 projets. Je suis obligé de compter les jours, a confié Bernard Lord, car notre engagement en matière de responsabilisation permet à chaque électeur de vérifier, au fur et à mesure, notre imputabilité."

Réalité du milieu
"Si tu te présentes et que tu perds, tu es fini." Certaines personnes ont tenu ce genre de propos à M. Lord lorsque celui-ci a montré un intérêt pour la politique. "C'est faux, déclare le nouveau chef de l'opposition. En 1995, par exemple, nous nous sommes fait laver. Nous étions propres, comme on dit, mais loin d'être finis", a lancé le politicien.

Il a aussi démenti la rumeur voulant que les chefs se laissent mener par les conseillers politiques et les faiseurs d'images. Du moins, ce n'est pas le cas de Bernard Lord, semble-t-il. "Je suis entouré de gens compétents, mais si je n'étais pas convaincu des idées du Parti, il me serait difficile d'être authentique. Je m'implique sur tous les plans dans la campagne, a-t-il soutenu, et je me soucie peu de la couleur de ma chemise ou de ma cravate."

Concernant le financement, le premier ministre du Nouveau-Brunswick reconnaît qu'il peut être tentant de vouloir des banderoles quatre couleurs, des sondages, des experts, etc. "Mais l'argent n'est pas la clé du succès, affirme-t-il, comme tout autre politicien. Il en faut pour avoir des panneaux et des programmes électoraux... mais en tant que bons progressistes-conservateurs nous nous sommes restreints pour ne pas créer une dette supplémentaire."

C'est dans un contexte privilégié, à l'écart des médias - seul le journal Forum était invité -, que les étudiants ont pu bénéficier de l'expérience pratique des campagnes électorales de Bernard Lord. D'autres acteurs importants de la scène politique, des médias et des sondages ont participé, cette année, à cette tribune mise sur pied par le professeur Nadeau. Les politiciens Mario Dumont et Jean Charest, les journalistes André Pratte et Maxime Bertrand, ainsi que l'expert en sondages Jean-Marc Léger figurent notamment au nombre des invités qui ont accepté de livrer leur vision du milieu.

"Les étudiants apprécient ces rencontres, car ils peuvent mieux comprendre la réalité du milieu ainsi que le discours et les subtilités de la communication politique, fait valoir Richard Nadeau, codirecteur du baccalauréat bidisciplinaire en communication et politique. C'est un peu une sensibilisation à la culture politique telle qu'elle se vit en dehors de l'Université."

Dominique Nancy



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