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Pierre L'Écuyer clenche sur toute la ligne

Le professeur représente le Canada au Championnat du monde de cyclisme.

Il n'y a pas que la performance des systèmes informatisés qui branche Pierre L'Écuyer. Le chercheur n'a pas la pédale douce en vélo! Le professeur du DIRO s'entraîne d'ailleurs en vue du Championnat canadien de cyclisme de l'an 2000.

Août 1997: dans les montagnes autrichiennes, sous une pluie diluvienne et glaciale. Pierre L'Écuyer a les mains gelées et arrive à peine à diriger son vélo qui roule à une vitesse moyenne de 42 km/h. Malgré tout, il termine le circuit de 80 kilomètres dans le peloton principal, à 33 secondes du vainqueur dans sa catégorie d'âge au Championnat du monde de cyclisme.

Bon nombre de joueurs du Canadien ont été glorifiés pour bien moins de souffrances. Mais Pierre L'Écuyer, professeur au Département d'informatique et de recherche opérationnelle (DIRO), ne fait pas de la compétition pour la gloire. "Quand on pédale, c'est un moment d'indépendance totale. Et lorsqu'on franchit le fil d'arrivée, c'est un bonheur profond", lance l'informaticien âgé de 49 ans. Il espère d'ailleurs encore enfourcher sa bécane à 60, 70 et 80 ans.

Depuis longtemps, le sport est pour lui une passion. Dès l'adolescence, il organise des olympiades pour les enfants de Sept-Îles. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance d'un garçonnet de trois ans dont il s'occupera à titre d'entraîneur quelques années plus tard. Son nom: Guillaume Leblanc. Le marcheur remportera notamment l'or aux Jeux du Commonwealth de 1990 et battra la même année le record du monde à l'épreuve du 30 kilomètres. Et puis, à l'apogée de sa carrière, Guillaume Leblanc gagne une médaille d'argent aux Olympiques de Barcelone. "De magnifiques souvenirs", souligne l'ex-entraîneur, les yeux flamboyants.

Pierre L'Écuyer n'arrête pas pour autant son entraînement personnel. "J'ai fait longtemps de la course à pied. Je n'étais pas à ma place, admet-il. Je me suis donc lancé dans le ski de fond." En 1982, il obtient la deuxième place à la Coupe du Québec des marathons de ski. Au Championnat canadien de 1993, il parcourt le 50 kilomètres en 2 h 42 min et remporte une médaille de bronze. C'est à cette époque que l'athlète songe sérieusement à troquer ses skis contre le vélo. "Le ski de fond se meurt au Québec, car il y a de moins en moins de neige, déplore-t-il. Pas question de m'entraîner avec des skis à roulettes..."

Vélo et boulot
Dès 7 heures, beau temps mauvais temps, Pierre L'Écuyer monte sur sa bicyclette et file à toute allure vers l'Université. Au total: 60 kilomètres par jour! "C'est la base de mon entraînement, dit-il. Je fais aussi deux fois par semaine de la musculation, mais je préfère de loin l'exercice en plein air. Et puis, c'est souvent en pédalant que j'arrive à résoudre les problèmes de la vie quotidienne et du travail."

Le chercheur est spécialisé dans les simulations sur ordinateur. Son dada: l'optimisation du rendement des systèmes informatisés. On retrouve l'application de ses recherches dans maints domaines, comme la finance - pour l'évaluation du prix des matières premières -, la production industrielle - pour prévoir la demande d'électricité - ou encore la santé - pour planifier les affectations dans les unités de soins.

Un autre axe guide ses recherches: l'analyse des lois de la probabilité. Ses générateurs de nombres aléatoires figurent parmi les plus performants du monde. Ce n'est donc pas un hasard si ses travaux lui ont valu en 1995 l'obtention d'une bourse Steacie, l'une des distinctions les plus prestigieuses au Canada.

Mariage en tandem
L'aile U du Pavillon principal, où M. L'Écuyer menait auparavant ses recherches, a aussi été le lieu d'une rencontre. C'est là qu'il fait la connaissance en 1992 d'une étudiante à la maîtrise en informatique. La jeune femme d'origine roumaine ne lui est pas totalement étrangère puisqu'il lui avait déjà enseigné au baccalauréat.

Simona a comme lui la fièvre du vélo et de l'informatique. Bref, après quelques discussions sur les systèmes de reconnaissance de la parole et des randonnées sur le mont Royal, le professeur épouse son ex-étudiante. Pas de limousine pour les nouveaux mariés. Le grand jour est marqué par un défilé en tandem! "Nous voulions célébrer de façon tout à fait particulière notre mariage", raconte M. L'Écuyer, qui est aujourd'hui le père de deux jeunes enfants et d'un adolescent. Reste à savoir s'ils arrivent à suivre la vive allure de leur papa!

Dominique Nancy


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