FORUM - 5 JUIN 2000

[Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre]


Priorités d'action et contrats de performance

Mettant un terme à ses travaux pour l'année universitaire qui vient de prendre fin, l'Assemblée universitaire a donné son aval, le 29 mai dernier, à deux documents présentés par le vice-recteur à la planification, François Duchesneau: "Priorités d'action 2000-2003" et "Entente de réinvestissement 2000-2003". Ce dernier, fortement tributaire du premier, contient les indices de performance que l'Université entend présenter au ministère de l'Éducation afin de satisfaire la volonté du ministre François Legault d'établir des contrats de performance avec les universités. Ces contrats de performance, que l'Université de Montréal a choisi d'appeler "ententes de réinvestissement", doivent notamment comprendre un plan de retour à l'équilibre budgétaire, les projets de l'Université, une rationalisation de la banque de cours et des mesures de l'efficience dans la gestion.

L'entente de réinvestissement proposée par l'Université de Montréal tient compte de sa situation de grande université de recherche nord-américaine et comprend des indicateurs publics (ils figurent sur son site Web) qu'elle utilise régulièrement comme outils de planification et de gestion. En plus de l'équilibre budgétaire, qui sera atteint dès 2000-2001, l'entente comporte une diminution de moitié du déficit accumulé pourvu que les clientèles étudiantes croissent, comme prévu, de 3900 étudiants d'ici 2003, "un objectif optimiste, mais réaliste" a dit le vice-recteur.

Projets prioritaires
L'entente de réinvestissement reprend en outre les projets contenus dans le document intitulé "Priorités d'action 2000-2003". Ce sont, avec les montants qui leur sont affectés:

  • la création de 250 nouveaux postes de professeurs: 20M$;
  • l'augmentation du nombre d'auxiliaires d'enseignement: 2,3M$;
  • la formation et la création d'une cinquantaine de postes pour le personnel non enseignant: 4,5M$;
  • l'attribution de bourses d'études: 5,5M$;
  • le soutien à l'enseignement et à la recherche: 2,2M$;
  • la rationalisation de l'offre de cours et de programmes: 2,6M$;
  • l'intégration des technologies de l'information et de la communication, surtout dans l'enseignement, la modernisation des installations et l'amélioration du soutien aux usagers: 3M$;
  • l'accroissement des échanges internationaux de professeurs et d'étudiants ainsi que la hausse du nombre de stagiaires postdoctoraux: 2M$;
  • l'amélioration de l'accès aux bibliothèques et l'augmentation des acquisitions: 5M$;
  • le soutien à la recherche et l'installation de nouveaux chercheurs: 7,6M$;
  • la rénovation du campus: 2M$.

Rationalisation et efficience
Quant à la rationalisation de l'offre de cours, elle s'est traduite ces dernières années par la diminution de 1400 crédits d'enseignement, la fermeture d'un département (géologie), la réalisation de 23 programmes communs avec d'autres universités et de plusieurs programmes multifacultaires et bidisciplinaires. L'Université de Montréal entend poursuivre l'opération en donnant suite aux recommandations de la Commission des universités sur les programmes et lors des évaluations des unités d'enseignement et de recherche.

"L'efficience dans la gestion ne se réduit pas au calcul des frais d'administration, mais fait appel à un faisceau de mesures, a déclaré M. Duchesneau. L'Université a géré ses ressources de façon responsable en période de sévères restrictions budgétaires et continuera d'être une organisation efficace."

Pour témoigner de son efficacité, l'Université de Montréal présente au ministre cinq indicateurs:

  • le nombre de crédits étudiants-personnel enseignant, qui est de 966 à l'Université de Montréal comparativement à 891 pour l'ensemble des universités québécoises, "un taux d'encadrement qui demeure lourd par rapport à nos homologues nord-américaines", selon le vice-recteur;
  • le temps consacré aux divers volets de la charge professorale, soit 35% à la recherche et 45% à l'enseignement, qui situe l'UdeM dans la norme des universités américaines comparables;
  • la charge moyenne d'enseignement de 14,6 crédits, ce qui équivaut à environ cinq cours, qui encore là "situe l'Université de Montréal dans une situation d'efficience mais aussi de charge lourde qu'il faut viser à rendre plus conforme à celle des universités de recherche comparables";
  • le ratio étudiants-personnel de soutien, qui est passé de 10,1 en 1993-1994 à 11,4 en 1997-1998 et qu'on vise à établir à environ 12,5, voisin de celui observé à l'Université de Toronto (12,3);
  • la réingénierie des processus, ou révision des façons de faire, amorcée avec l'implantation du guichet électronique et qui se poursuivra avec la restructuration des services informatiques et la mise à jour des processus administratifs.

Nomination du recteur
Tout comme au début des années 1980, l'Assemblée universitaire maintient sa préférence pour une démarche de type search committee plutôt que pour une procédure de type électoral dans la désignation du recteur.

C'est ce qui ressort de nombreuses heures de discussion, parfois houleuses, sur la question depuis le dépôt, en février 1999, du rapport du Comité de consultation pour la nomination du recteur. Ce rapport avait été suivi d'une proposition du Syndicat général des professeurs de l'Université de Montréal (SGPUM) et d'une autre en provenance de la direction élargie, à savoir du recteur, des vice-recteurs et des doyens.

Dans sa proposition, la direction défendait résolument la procédure de type search committee, qui accorde beaucoup plus de pouvoir au Comité de consultation. Le rapport du Comité de consultation et la proposition du SGPUM donnaient en revanche à l'Assemblée universitaire un rôle accru. C'est en étudiant simultanément les trois propositions, article par article, que l'Assemblée a finalement adopté une procédure de consultation qui diffère somme toute assez peu de celle qui est décrite dans l'article 25.01 des statuts, sinon par quelques éléments.

  • Le Comité soumet à l'AU les critères retenus pour le choix du recteur avec les bulletins de mise en candidature, qui doivent être signés par au moins cinq membres de l'Assemblée.
  • Il fait appel à une firme d'experts en recrutement de cadres pour obtenir des suggestions de noms de personnes de l'extérieur de l'Université mais répondant aux critères retenus.
  • Il envoie à tous les candidats une fiche biographique sur laquelle ils sont invités, sans y être obligés, à résumer leur curriculum vitae et leur vision de l'Université. Le Comité transmet à l'AU les fiches biographiques qui lui auront été remises.
  • Il invite les candidats, qui encore une fois ne sont pas tenus de le faire, à lui soumettre leur "programme" dans un court texte qui sera diffusé et à participer à des débats publics que le Comité organisera.
  • Avant le scrutin indicatif à l'Assemblée universitaire, le Comité peut retrancher les noms des candidats qui en auront fait la demande par écrit.
  • La composition du Comité passe d'au plus 8 membres à un maximum de 11 membres: 1 membre d'office de l'AU; 5 professeurs de carrière, dont 3 élus par l'Assemblée et 1 proposé par les écoles affiliées; au plus 4 membres choisis parmi les autres composantes ayant droit de représentation à l'AU (chargés de cours, étudiants, personnel non enseignant syndiqué et personnel non enseignant non syndiqué) et 1 personne de l'extérieur de l'Université.

Soulignons que la question du recours à une firme de "chasseurs de têtes" et celle de l'obligation ou non pour la personne proposée de signifier publiquement son acceptation d'être mise en candidature, de remplir la fiche biographique et de participer aux débats publics ont fait l'objet de longues discussions et de votes assez serrés.

Enfin, ces modifications à la procédure ne sont pour l'instant que des recommandations que l'Assemblée universitaire fait au Conseil, seule instance universitaire habilitée par les statuts à nommer le recteur.

Françoise Lachance


[Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre]