FORUM - 10 AVRIL 2000

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L'UdeM peut enfin reprendre la voie du développement

Le recteur Lacroix fait le point sur la situation financière de l'UdeM.

Avec les nouvelles ressources qui lui arrivent, l'Université de Montréal connaîtra un redressement majeur, selon le recteur Robert Lacroix.

Grâce au succès du plan de relance, à l'augmentation des subventions à la recherche des deux paliers de gouvernement et au réinvestissement dans le réseau universitaire annoncé par le ministre des Finances Bernard Landry, l'Université de Montréal peut enfin se lancer de nouveau dans le développement.

C'est ce qu'a déclaré en substance à Forum le recteur Robert Lacroix, qui venait tout juste d'exposer la situation aux membres de l'Assemblée universitaire, réunis pour la 414e séance de cette instance universitaire le lundi 3 avril.

Pour l'année 1999-2000, qui se termine dans deux mois, le budget Landry prévoit un montant ponctuel non récurrent de 100M$ pour éponger les déficits passés des universités; celui-ci sera réparti au prorata des bases de financement des universités et non des déficits accumulés. Comme l'Université de Montréal compte pour 17,5% de la subvention annuelle globale des universités québécoises, elle devrait donc recevoir 17,5M$, a indiqué le recteur. Cette somme lui permettra de réduire son déficit accumulé. En effet, pour l'année qui s'achève, son déficit d'exploitation ne sera que de 2M$ alors qu'il s'élèvera à plus de 100M$ pour l'ensemble des universités.

En ce qui concerne les immobilisations, à savoir les sommes attribuées à l'entretien et à l'amélioration des immeubles, rien n'a encore transpiré, à l'exception de l'investissement annoncé de 24M$ à la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, a ajouté M. Lacroix.

300M$ sur trois ans
Pour ce qui est de l'augmentation des investissements dans les universités à compter du 1er juin 2000, tout n'est pas encore parfaitement clair, a dit le recteur. "Certains éléments sont encore sujets à modification. On sait cependant que le gouvernement assumera les coûts du système pour un montant de 35M$ l'an prochain." Les coûts du système concernent les augmentations de salaires attribuables à la progression dans les échelles et à la politique salariale du gouvernement ainsi que certaines hausses de prix.

"Certes, nous irons chercher notre part, mais cet apport de fonds est neutre parce que nous prenons l'argent d'une main pour le redonner de l'autre, a dit M. Lacroix. Au moins nous n'aurons pas à couper ailleurs pour assumer cette augmentation."

L'entente finalement intervenue entre les deux paliers de gouvernement au sujet des bourses du millénaire prévoit qu'une somme de 23M$ sera affectée notamment aux bibliothèques et à l'engagement de nouveaux professeurs. Encore là, l'Université de Montréal devrait obtenir 17,5% de cette somme.

Enfin, dans son récent budget, le ministre Landry annonçait une augmentation de 120M$ de la subvention des universités pour 2000-2001, de 80M$ pour 2001-2002 et enfin de 100M$ pour 2002-2003 pour arriver à une augmentation récurrente de 300M$ à compter de 2002-2003, ces sommes s'additionnant d'une année à l'autre.

"Le fait que le gouvernement s'engage sur trois ans est déjà une bonne nouvelle", a déclaré le recteur Lacroix, qui s'interroge toutefois sur la façon dont cet argent sera partagé entre les différentes universités.

"La distribution entre les universités dépendra de la formule de financement que le gouvernement va se donner", constate M. Lacroix. Il tient toutefois pour acquis que la part qui reviendra à l'Université de Montréal ne sera pas inférieure à 17,5%. Il espère même qu'elle ira au-delà de ce pourcentage si le gouvernement tient davantage compte des frais indirects de la recherche et de l'engagement aux cycles supérieurs.

"Ces éléments seront négociés au cours des prochaines semaines et chaque université fera valoir sa cause, a indiqué le recteur. Nous travaillons donc pour l'instant avec un pourcentage de 17,5% tout en essayant d'en obtenir plus."

Quant au budget proforma que la direction de l'Université a déposé récemment au Conseil, "il tient la route", a dit le recteur puisqu'il est justement basé sur une augmentation de 300M$ sur trois ans des budgets des universités.

"Cégépiser" les universités?
M. Lacroix a cependant indiqué qu'un autre document présenté par le ministère "pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses" parce qu'il s'appuie sur des simulations qui ne sont pas fournies. "Nous tentons de faire en sorte que le gouvernement mette ses cartes sur la table", a-t-il ajouté.

En réponse à une interrogation du professeur Gabriel Gagnon, le recteur a confirmé qu'il était question dans ce document du contrat de performance annoncé par le ministre de l'Éducation François Legault. "Il s'agit d'un document très technique déposé auprès des vice-recteurs à l'administration avant même que les recteurs en aient été informés. Il se dégage de ce document très préliminaire une bureaucratisation excessive des relations avec le ministère, qui semble vouloir transformer les universités en cégeps, où tout est normalisé. Nous allons donc nous y opposer."

"Il y a une grande différence entre accepter de déposer un plan avec des objectifs stratégiques, expliquer en quoi ceux-ci répondent aux préoccupations de la société québécoise et dire comment nous allons les atteindre et se faire imposer une structure bureaucratique qui me semble tout à fait inacceptable", a poursuivi M. Lacroix.

En réponse à un autre intervenant, il a précisé: "Je ne crains pas de voir nos données générales être comparées avec celles des autres universités, mais il est inutile d'aller dans le détail puisque cela pourrait coûter plus cher que ce que nous allons en retirer. Nous sommes tout à fait d'accord pour être imputables, mais si l'on veut 'cégépiser' les universités, alors là, ça ne marche plus."

Redressement majeur
Interrogé par Forum au moment de la pause café, le recteur s'est tout de même dit heureux que l'Université puisse enfin prendre des mesures de redressement, notamment en ce qui concerne les acquisitions aux bibliothèques et l'engagement de nouveaux professeurs.

"Tout ce qui a été prévu dans le budget proforma que nous avons déposé au Conseil pourra être réalisé. Grâce à ces nouvelles ressources, en plus de ce qui nous arrive d'Ottawa avec la Fondation canadienne pour l'innovation et les 2000 chaires ainsi qu'avec Valorisation-recherche Québec, l'Université de Montréal va connaître un redressement majeur. Bien sûr, il reste des incertitudes. Mais celles-ci ne devraient pas changer le quantum des ressources dont nous disposerons."

L'ampleur du déficit accumulé, qui s'élève actuellement à environ 60M$, ne préoccupe pas tellement le recteur. "Puisque ce déficit a été accumulé sur une période de 10 ou 15 ans, il est donc raisonnable de penser qu'il pourra être résorbé sur un même nombre d'années. Mais il est vrai que cela demeure un fardeau."

Le fait que l'Université de Montréal a réussi à accroître sa clientèle étudiante en utilisant son congé temporaire de cotisation au régime de retraite - ce qu'on a appelé le Fonds de relance - réjouit particulièrement le recteur. "Mais la situation aurait été grave si le redressement de la clientèle ne s'était pas produit et si le financement n'avait pas été augmenté parce que nous avions un déficit structurel de 15 à 17M$. Or, nous avions décidé d'essayer de corriger la situation en prenant appui sur le Fonds de relance tout en espérant que le financement finirait par arriver. Mais nous courions le risque d'investir sans que la relance se manifeste et sans que le financement soit augmenté. Nous n'aurions alors pas pu prendre la relève avec nos budgets courants."

Françoise Lachance


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