FORUM - 14 FÉVRIER 2000

10e Semaine interculturelle

Environ 2500 étudiants étrangers sont inscrits à l'Université de Montréal.

Danse endiablée africaine exécutée par "papa Zon"

"Êtes-vous interculturelle?" Oui, répond la préposée au stand du Service d'action humanitaire et communautaire au premier jour de la Semaine interculturelle. Laurence Nielsen ne pensait pas si bien dire. Vêtue d'une robe africaine, cette Française d'origine danoise étudie la littérature anglaise et les civilisations au Québec!

À elle seule, l'étudiante témoigne de la diversité culturelle présente sur le campus. Une réalité que Lise Duffy, directrice du Bureau des Services aux étudiants, appuie par des chiffres. "D'après les dernières statistiques, près de 2500 étrangers étudient à l'Université, dont 30% proviennent de l'Europe, mentionne-t-elle. Et l'apport d'autres pays de la Francophonie est presque aussi grand." Ces chiffres ne tiennent pas compte des étudiants étrangers inscrits dans les écoles affiliées.

Les étudiants de l'UdeM sont originaires de pas moins de 80 nations. Ce phénomène justifie amplement la tenue d'une activité en leur honneur. D'autant plus que l'Université note une hausse de 10% du nombre des étudiants étrangers comparativement à 1998.

"Cela s'explique par les efforts accrus de recrutement faits à l'étranger ainsi que par la qualité des services et de l'encadrement", fait valoir Bruno Viens, conseiller au Bureau des services aux étudiants étrangers. Pour Mme Duffy, l'UdeM semble également profiter de l'engouement grandissant pour le système d'éducation à trois cycles (baccalauréat, maîtrise et doctorat).

Le défi de l'identité dans un pluralisme culturel
"C'est un thème d'une remarquable pertinence en cette ère de mondialisation des marchés, de développement rapide des communications, de bouleversements sociologiques et géopolitiques que nous connaissons, a déclaré Mme Duffy à la cérémonie d'ouverture. Nous nous interrogeons tous dans ce contexte sur la survie possible des cultures nationales face au modèle dominant qui nous est proposé."

C'est donc avec l'objectif de sensibiliser les étudiants au défi de l'identité dans un pluralisme culturel que le programme de la 10e Semaine interculturelle a été élaboré, signale Isabelle Dalceggio, étudiante au certificat d'intervention en milieu multiethnique et coordonnatrice de l'événement.

Depuis maintenant trois ans, la jeune femme s'occupe de l'organisation des activités. "Cela représente environ 400 heures de travail, dit-elle, mais il s'agit à chaque fois d'un plaisir renouvelé. C'est une grande richesse de pouvoir partager ses connaissances et ses valeurs avec des gens d'autres cultures."

Le respect et l'échange sont à la base de cette initiative du Service d'action humanitaire et communautaire, et aussi des préoccupations de son directeur, Jean Porret. L'homme est reconnu pour valoriser la solidarité, la compréhension et l'entraide, car elles mènent à une plus grande ouverture à l'individu. Comme le faisait remarquer Mme Duffy, les activités proposées au cours de cette semaine sont des pas dans cette direction.

Musique et artisanat font partie intégrante de la culture africaine. Honorine Ngassam, une étudiante d'origine camerounaise, montre des sculptures en bois typiques de sa région.

Le tour du monde en cinq jours
Chants, danses, costumes bigarrés et musique endiablée caractérisent bien le spectacle envoûtant présenté par la famille Zon. Quelque 100 personnes s'étaient rassemblées, le 7 février dernier, pour voir et entendre ces huit frères et soeurs du Burkina Faso: une cérémonie qui ouvrait officiellement cette 10e semaine.

Plus tôt dans la soirée, M. Porret avait procédé au lancement d'un recueil de textes sur le défi de l'identité dans un pluralisme culturel. Trois d'entre eux ont mérité les honneurs. Anne-Marie Bégin, étudiante en orthophonie, Marie-Anne Laramée, étudiante en communication, et Esther Lagarde, étudiante en sciences politiques, ont remporté des billets pour "Les grands explorateurs" et un prix en argent.

Forum a rencontré plusieurs étudiants au cours des "midis interculturels", une exposion sur les arts traditionnels, les religions, le développement international, etc. Pas moins d'une douzaine de stands d'information avaient été montés pour l'occasion au Pavillon 3200 Jean-Brillant.

Félicia Ciobanu, étudiante à la maîtrise à la Faculté de droit, y présentait différents costumes folkloriques roumains et leur méthode de confection. L'étudiante au deuxième cycle distribuait aussi de l'information sur son pays d'origine, connu notamment pour son légendaire comte Dracula. "Au Québec, les personnes sont à la fois intéressantes et intéressées par les autres cultures, affirme la jeune Roumaine. Cela stimule les échanges."

Le filage du coton selon la tradition roumaine est une véritable culture en soi. Félicia Ciobanu porte un costume folklorique de son pays d'origine.

À un autre stand, Nadia Turgeon et Judith Boissonneault, respectivement étudiantes en criminologie et en études internationales, offraient une dégustation de plats à saveur d'Orient. "Nous voulons mieux faire connaître les traditions culinaires de l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud, a indiqué Nadia Turgeon, car trop souvent nous associons la famine à ces régions."

L'Association des étudiants islamiques de l'Université, qui regroupe plus de 500 membres, désirait pour sa part renseigner la communauté sur son regroupement. Le président et le secrétaire, Ousmane Cissé et Ramez Malak, présentaient des ouvrages sur l'Islam et le prophète Mohammed.

Le Centre d'études ethniques de l'UdeM et le Centre de recherche interuniversitaire de Montréal sur l'immigration, l'intégration et la dynamique urbaine y tenaient aussi un stand d'information sur leurs publications et leurs différents groupes et programmes de recherche.

D'autres activités incluant des conférences, des projections de films, des spectacles de danse et de l'animation ainsi que des rencontres multiculturelles et religieuses figuraient au programme de cette semaine interculturelle.

Dominique Nancy