EXPOSITION

Lumière et matière en cinq dimensions

Jean-Lou Hamelin, finissant en architecture

Du 5 au 8 mai, la Faculté de l'aménagement exposait comme chaque année les projets de ses étudiants finissants. L'événement, dont le thème était "Lumière matérialité x 5", regroupait les projets finals des bacheliers des cinq disciplines de la Faculté: architecture, design industriel, design d'intérieur, architecture de paysage et urbanisme.

Cette exposition est un événement majeur dans le milieu, la Faculté de l'aménagement étant la seule au Québec à réunir ces cinq disciplines. "C'est surtout un moment très important pour les étudiants de la Faculté, l'aboutissement de beaucoup d'efforts", a expliqué Jean-François Pagé, étudiant en design et l'un des organisateurs de l'exposition, au vernissage.

Chaque année, des professionnels du design accourent pour prendre le pouls des créateurs de demain. "Il y a beaucoup de gens de l'industrie qui viennent ici, et certains étudiants décrochent des emplois grâce à leurs projets", note Jean-François Pagé.

Le Triton, un aéroglisseur futuriste réalisé dans le cadre d'un projet de l'École de design industriel de l'UdeM et de l'École de génie mécanique de l'Université de Sherbrooke

L'exposition a impressionné tant par son envergure - elle occupait trois étages du bâtiment de la Faculté de l'aménagement - que par la qualité des projets présentés: maquettes de certains quartiers de Montréal complètement redessinés ou prototypes en état de marche. Parmi ceux-ci, le Triton, un aéroglisseur futuriste réalisé dans le cadre du projet "Hémisphère", un travail commun de l'École de design industriel de l'Université de Montréal et de l'École de génie mécanique de l'Université de Sherbrooke, a attiré particulièrement l'attention. Ce projet ambitieux n'aurait jamais pu voir le jour sans l'aide financière du secteur privé et du gouvernement fédéral.

La chaise audio de Sébastien Dallaire, munie de haut-parleurs

Si certains des projets ont été financés par une source extérieure, d'autres ont été réalisés aux frais des étudiants. C'est le cas de la chaise audio de Sébastien Dallaire, une chaise munie d'un système de haut-parleurs. "J'ai conçu et construit cette chaise de A à Z, sans aucune aide financière. C'est un gros investissement, mais cela valait le coup", commente Sébastien Dallaire. C'est que la plupart de ces prototypes sont brevetés et commercialisables.

Si exposer le fruit de son travail est une étape marquante dans le cheminement de ces aspirants architectes, paysagistes et designers, être primé l'est plus encore. Les étudiants de la Faculté de l'aménagement reçoivent en effet des prix ou des bourses chaque année.

Les projets récompensés cette année sont très variés. Ils vont d'une salle de bain qui s'inspire de la nature avec sa douche-torrent et son bain-lagon à un remaniement de l'échangeur Turcotte.

Certains projets lauréats ont comme but d'améliorer les conditions de vie des résidants. Un exemple: le Prismagique, de Vernau Joseph, qui a reçu le prix Félix-Antoine-Savard. "Le Prismagique est un jouet éducatif aux possibilités quasi illimitées", explique son concepteur. Il s'agit d'un ensemble d'armatures cubiques qui s'emboîtent les unes dans les autres. "Cela paraît simple au premier abord, mais j'ai dû lire des milliers de pages d'ouvrages de psychologie pour créer ce jouet qui, contrairement à ce qu'on retrouve sur le marché en ce moment, stimule l'intellect des enfants."

Andrée Langevin et Nicole Tardif ont remporté la bourse Habitat 67 pour leur projet d'habitation solaire: c'est une maison qui capte l'énergie solaire de manière passive. La maison est chauffée en partie grâce à l'agencement des fenêtres. "Recevoir une bourse est un atout formidable pour notre CV", a commenté Andrée Langevin. L'argent qu'elles ont reçu leur permettra de financer leur voyage d'études en France.

Il n'y a pas que les projets de design à l'état pur qui ont été récompensés. Alain Bernier a gagné la bourse de recherche du PGU Vietnam, une bourse de 9000$ permettant d'effectuer un séjour au Vietnam, au Laos ou au Cambodge pour y faire de la recherche. "Grâce à cette bourse, je vais pouvoir partir pour Hanoï et y étudier les besoins de formation du personnel municipal. C'est un projet ambitieux", estime Alain Bernier.

L'ambition, c'est le mot d'ordre chez ces étudiants. À voir leur imagination et leur sérieux, on ne se fait pas de souci pour l'avenir de l'aménagement au Québec.

Christophe Bergeron
Collaboration spéciale