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L'an I de la danse contemporaine à l'UdeM

Les danseurs de la DUM sous la direction de Dave St-Pierre

La danse contemporaine s'est enfin trouvé un nid à l'Université, plus précisément au Service des activités culturelles (SAC). C'est là que, depuis un an, la troupe Danse Université de Montréal (DUM) prépare sa rentrée sur scène avec un spectacle intitulé Aide-mémoire pour le prochain millénaire.

L'arrivée de la nouvelle troupe, en plus de combler le vide laissé par la disparition il y a quelques années du Certificat en danse du Département d'éducation physique, marque une grande première: la présentation d'une performance publique.

La DUM, ce sont 12 filles, la plupart étudiantes à temps plein, quelques-unes avec l'expérience des troupes collégiales, prêtes à apprendre et à avoir du plaisir. "Nous sommes devenus des amis et c'est bien, car je ne voulais pas juste être un prof", dit Dave St-Pierre, invité à diriger les premiers pas de la troupe.

Le jeune chorégraphe de 24 ans s'est déjà fait un nom auprès de Jean-Pierre Perreault (Joe) et de troupes comme Brouhaha Danse (Giselle). Le journal Voir le retenait d'ailleurs parmi ses "nouveaux visages" en 1998. Ses talents d'interprète maintenant reconnus, il cherche à se faire une place comme chorégraphe. "D'ici trois ou quatre ans, je veux avoir ma propre compagnie", dit-il, confiant d'être sur la bonne voie.

Après deux collectifs remarqués en 1997 (Les méchants), Dave St-Pierre saisit enfin sa chance avec la DUM. Même que la troupe universitaire lui donne confiance et, en l'espace de quatre mois, il aura signé trois chorégraphies. Outre Aide-mémoire, il crée Holocauste réinventée en février pour Carpe diem et un solo attendu en mai pour Tangente.

Contrairement à ces troupes reconnues, la DUM n'est composée que de non-professionnelles. Une situation qui ne déplaît pas au chorégraphe, qui aime travailler avec des jeunes peu expérimentés.

La petite histoire
Ces 12 filles sont peut-être peu expérimentées, mais elles sont très déterminées. À l'image de Marie-Ève Bélanger, celle par qui tout a commencé. Initiée à la danse au cégep, elle constate à son arrivée à l'Université de Montréal que cette discipline n'y est représentée que par les cours de tango ou de salsa du CEPSUM, ou encore de danses folkloriques du SAC.

Au Service des activités culturelles, la jeune femme se cogne à une porte presque fermée. On lui parle de manque d'argent et de pénurie de locaux. "On me disait que l'intérêt pour les activités de danse diminuait de plus en plus." Mission impossible... à moins qu'elle ne prenne elle-même l'initiative.

"Pour créer une troupe, il fallait une subvention, raconte Marie-France Labelle, coordonnatrice du secteur Arts et monde. Mais on ne pouvait l'obtenir que s'il s'agissait d'un projet étudiant." Elle décide d'épauler Marie-Ève Bélanger, qui présente un projet et un plan budgétaire. Elle n'obtient que 3000$, mais c'est suffisant pour que le SAC lance la troupe.

Une fois le chorégraphe engagé, on fait passer des auditions et 15 filles et... 1 garçon sont sélectionnés. Restait le problème des locaux. Le Centre d'essai étant occupé une grande partie de l'année, la DUM doit chercher ailleurs. Le CEPSUM lui ouvre alors ses portes.

En octobre, l'an I de la danse est bel et bien entamé malgré quelques désistements, dont celui du seul membre masculin.

Puis, le Théâtre de l'Université de Montréal (TUM) offre les bénéfices de L'instant chorégraphique, son spectacle de décembre, à la DUM; il l'invite à faire une brève apparition en première partie de programme. La nouvelle troupe casse la glace avec un court numéro d'improvisation. On demande même à Dave St-Pierre d'insérer dans L'instant un petit numéro qui permet au chorégraphe de rencontrer le comédien Patrick Allard; ce dernier deviendra, en mars, le "nouvel homme" de la DUM.

Danse sans musique
Une présence masculine était presque indispensable pour un Dave St-Pierre qui aime faire dans le genre violent. "Les filles sont lyriques et douces, les gars sont plutôt physiques observe-t-il. Je suis plus dur avec eux. Travailler avec des filles m'a obligé à m'adoucir, à m'épurer. Mais j'essaie quand même de les amener à une gestuelle 'hystérique'."

Basé sur un mélange des langages corporel et verbal, Aide-mémoire pour le prochain millénaire lui permet d'essayer, d'oser et de combattre les préjugés. "Je ne supporte pas le genre de clichés danse = musique", dit Dave St-Pierre. Il fait donc de son premier spectacle quelque chose d'inusité: la musique, absente presque totalement de la chorégraphie, cède l'espace aux paroles, aux cris et surtout aux bruits des magnifiques robes en papier journal qu'il a lui-même conçues. Une chorégraphie audacieuse et "exceptionnelle" par le nombre d'interprètes. "J'aime travailler les effets de masse, déclare Dave St-Pierre. Le solo m'intéresse moins."

Les jeunes danseurs sont convaincus d'avoir beaucoup appris, même si certains n'hésitent pas à qualifier la gestuelle de leur chorégraphe d'"orthodoxe". Marie-Ève Bélanger ne regrette pas du tout l'expérience St-Pierre. "Il nous fait travailler notre attitude. Et le fait qu'il n'y ait pas de musique nous oblige à mieux nous écouter. Et pourquoi pas, la danse a son propre langage."

Aide-mémoire conclut une autre année très active du SAC. Et l'an prochain, alors que le TUM célébrera son quarantième anniversaire, la troupe de danse solidifiera ses bases pour entamer le prochain millénaire.

Jérôme Delgado
Collaboration spéciale

Aide-mémoire pour le prochain millénaire, par la DUM; chorégraphie: Dave St-Pierre. Les 30 avril et 1er mai à 20 h au Centre d'essai, 2332, boul. Édouard-Montpetit (6e étage). Entrée: 7$. Réservations: 343-6111, poste 4686.


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