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Pas de chômage pour les diplômés en jazz

"Certains n'ont pas le temps de finir leur bac", affirme Richard Provençal.

Céline Dion, Julie Snyder, Robert Charlebois, le Cirque du soleil sont parmi les employeurs des diplômés de l'option jazz de la Faculté de musique. "Certains sont sollicités dès leur cinquième trimestre. Ils ont de la difficulté à finir leur bac", lance Richard Provençal.

Quand le responsable de l'option jazz allume son téléviseur, il reconnaît presque toujours un ou deux de ses anciens dans l'orchestre qui accompagne les talk-shows de l'heure. Le claviériste Guy Dubuc et le batteur Marc Lessard se produisent tous les soirs au Poing J; la choriste Julie Leblanc et le percussionniste Dan Coutu accompagnent Céline Dion dans ses tournées internationales; Christian Pomerleau joue de la batterie avec Robert Charlebois; et plusieurs anciens ont trouvé une place au Cirque du soleil. Ce ne sont là que quelques exemples. "Des diplômés d'ici qui travaillent dans un dépanneur, je n'en connais aucun."

Les musiciens ne doivent pas espérer occuper à leur sortie des emplois permanents. "Dans notre métier, on est toujours sur la corde raide, dit M. Provençal. On ne sait jamais trop où l'on va se retrouver dans un mois. C'est la vie de pigiste. Mais au moins, nos anciens travaillent dans leur discipline."

En tout cas, les musiciens qui se font embaucher avant la fin de leur programme d'études sont fous de joie. Ils ont de l'argent dans les poches, font ce qu'ils rêvent de faire, découvrent un autre monde... Difficile, pour eux, de revenir sur les bancs d'école.

Un programme sans pareil
Lui-même vieux routier de la scène musicale québécoise, Richard Provençal a été embauché par la Faculté en 1990 pour mettre sur pied un secteur jazz intégré au baccalauréat en musique, qui compte 293 étudiants en interprétation. Le programme d'études rassemble 45 étudiants et jouit d'une bonne réputation dans le milieu. "C'est un programme contingenté. Une centaine de candidats passent des auditions chaque année pour les places disponibles."

La méthode pédagogique favorisée n'a pas d'équivalent au Québec. Le baccalauréat en interprétation (secteur jazz) comprend bien entendu des cours théoriques d'harmonie, de dictée et de solfège, mais le volet pratique consiste en la formation de huit ensembles de jazz proprement dits (piano, guitare basse, batterie, guitare) auxquels s'ajoutent des cuivres (trombone, trompette, saxophone).

Chacun de ces ensembles se présente épisodiquement dans un studio 24 pistes en tout point semblable à ceux qu'on retrouve dans le milieu. Les groupes doivent y interpréter des oeuvres "classiques" du répertoire jazz, mais aussi des pièces de leur cru.

"Les autres écoles de jazz ne disposent pas de telles installations, reprend M. Provençal. Ou si oui, de manière accessoire. Ici, le concept du studio à vocation pédagogique fait partie des cours."

Devant le succès de son option, faut-il penser à un élargissement? "Non, répond le responsable. Nous voulons garder ici un standard élevé, donc sélectionner les meilleurs qui pourront s'exprimer dans de petits groupes."

Le musicien déplore cependant la "mode guitare" qui a emporté les apprentis jazzmen. "Sur 100 candidats aux auditions, on trouve une trentaine de guitaristes. Cette tendance augmente avec les années. Pourtant, les trombonistes se font rares. Cette année, nous n'en avons aucun."

En ces temps de rationalisation, le jazz à l'Université de Montréal semble avoir trouvé sa voie. "Nous considérons ici que le jazz et le blues sont à la base de la musique de notre temps. Un musicien qui maîtrise ces styles peut tout faire", dit Richard Provençal.

Mathieu-Robert Sauvé


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