Quand les organisations tournent au mauve

La nouvelle revue Saison mauve veut apporter un éclairage analytique sur les "organisations mutantes".

Pour Gilles Brunel, parrain de la revue Saison mauve, cette nouvelle publication comblera un vide dans l'analyse des transformations qui ont cours dans les grandes organisations.

Nous avions une saison blanche, une saison verte et une saison rouge. Voici la saison mauve. Le mauve, c'est un violet pâle qui est lui-même un mélange de bleu et de rouge. La saison mauve, c'est ainsi un entre-deux, une période intermédiaire marquée par les changements.

C'est l'expression poétique qu'ont créée des professeurs en communication pour désigner une nouvelle revue consacrée aux "organisations mutantes" et qui était lancée le 14 janvier dernier au Département de communication.

"Saison mauve n'est pas une revue de communication mais une revue sur les organisations avec une insistance sur la dimension communicative", précise le professeur Gilles Brunel, responsable de la publication et spécialiste des communications organisationnelles.

"Le titre veut marquer les changements actuellement en cours dans les grandes entreprises et les organisations publiques où la restructuration s'accompagne de pertes d'emplois, de stress et d'exclusion. La revue s'intéresse aux nouvelles formes de communication et de travail engendrées par ces transformations ainsi qu'à leurs répercussions, notamment sur la santé au travail et sur la participation dans l'organisation."

Ce champ de préoccupation, qui analyse la façon dont l'organisation transmet son message à l'interne comme à l'externe, constitue l'un des deux grands secteurs d'études du Département de communication, l'autre étant celui des nouvelles technologies de l'information.

Selon Gilles Brunel, la revue Saison mauve vient combler un créneau laissé jusqu'ici vacant. "Le milieu anglophone est très bien servi par plusieurs publications, mais le milieu francophone était délaissé, souligne-t-il. Notre clientèle est bien précise - des professeurs, des journalistes, des chercheurs intéressés par cette problématique - et nous n'entrons pas en compétition avec les revues de sociologie, de médias de masse, de gestion ou de relations industrielles déjà existantes sur les scènes nationale et internationale."

Saison mauve veut d'ailleurs présenter une perspective internationale. Sur le thème de l'analyse "structurationniste" des organisations, le premier numéro réunit 10 articles de professeurs et d'étudiants au doctorat de l'UdeM, de l'UQAM, de Concordia et d'Ottawa, mais également des universités Rio de Janeiro et Los Andes (Venezuela).

Quatre étudiants du Département de communication y signent des collaborations: Gérard Malo traite de la construction de l'identité et de l'autoroute de l'information en soulignant la disparition de la notion d'espace dans les modes de communication actuels; Louise Landreville livre une réflexion provocatrice sur le modernisme et le postmodernisme en comparant l'analyse sociologique d'Anthony Giddens et la philosophie de Castanéda; Philippe Marx analyse les changements dans les organisations en recourant aux théories du chaos; finalement, Michel Verhas sensibilise le chercheur à la reconnaissance du savoir détenu par les "objets" de recherche lorsque ceux-ci sont des sujets humains.

Les prochains numéros traiteront de santé et d'environnement, des nouvelles expériences de travail et de l'impact de la globalisation sur les organisations. La revue est en vente dans les librairies de l'Université et du quartier ainsi qu'au Département de communication au prix de 10$.

Daniel Baril