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Le débat sur l'affichage commercial est ouvert

La direction de l'Université annonce un gel des contrats et crée un groupe de travail pour analyser la situation.

Des publicités parfois incontournables, même si plusieurs n'apprécient pas toujours leur "allure".

Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'affichage commercial sur le campus ne plaît pas à tout le monde. L'hiver dernier, la FAECUM ouvrait le bal en se prononçant contre toute forme d'affichage commercial sur le campus, suivie quelque temps plus tard par le Département d'histoire, qui intervenait dans le même sens auprès du rectorat.

Plus récemment, en octobre dernier, le syndicat des professeurs demandait un moratoire sur tout nouveau contrat d'affichage commercial alors que le syndicat des chargés de cours invitait ses membres à sonder l'opinion de leurs étudiants. Au même moment, un groupe d'étudiants déposait une pétition de quelque 700 signatures réclamant le retrait de ce type d'affichage.

Le débat a maintenant gagné l'Assemblée universitaire. À la séance de décembre dernier, le vice-recteur aux affaires publiques et au développement, Patrick Robert, présentait un document sur l'état de la question et qui annonçait un gel provisoire des contrats d'affichage commercial.

Phénomène en expansion
La publicité murale a fait son apparition dans les pavillons de l'Université en août 1993 et n'a cessé depuis de prendre de l'ampleur. En 1995, la publicité faisait son entrée dans les résidences des étudiants et l'année suivante, au CEPSUM.

Le premier contrat établi avec l'entreprise Zoom Média limitait l'affichage à de petits panneaux installés dans les toilettes. En 1996, de nouveaux contrats permettaient l'installation de panneaux lumineux de grand format, les MégaZoom, dans certains corridors.

Les revenus ont été proportionnels à cette expansion; ils sont passés de 85 000$ en 1997 à un montant prévu d'environ 125 000$ pour cette année. Ces revenus sont alloués à la Direction des immeubles, sauf ceux provenant de l'affichage aux résidences et au CEPSUM, qui leur reviennent respectivement. Pour l'année 1997-1998, on parle de moins de 9000$ dans le cas du CEPSUM et de quelques milliers de dollars pour les résidences.

Selon la procédure établie par le vice-rectorat aux affaires publiques et au développement, les publicités destinées à l'affichage sont soumises par Zoom Média au directeur des communications, Bernard Motulsky, qui dispose de 24 heures pour les approuver ou les refuser. Les seuls éléments guidant sa décision sont la prise en compte des intérêts de l'établissement et son bon jugement.

Selon Patrick Robert, 55 autres maisons d'enseignement au Québec, dont les principales universités et la plupart des cégeps, ont conclu des ententes semblables avec des fournisseurs de publicité.

Agréable ou ostentatoire?
Chez les opposants, il semble que ce soit surtout les MégaZoom qui créent des problèmes à cause à la fois de leur caractère ostentatoire et de leur contenu. Le sujet touche des cordes sensibles: certains ont même qualifié de pornographique une publicité de lingerie féminine.

À l'Assemblée universitaire, la professeure Denise Couture a souligné que ces panneaux "peuvent être offensants pour des étudiants qui n'ont pas les moyens de se payer les produits de consommation annoncés, alors que l'Université procède à des collectes de provisions pour aider les étudiants démunis. Il n'y a pas que des fils et des filles de yuppies à l'Université", rappelle-t-elle en soulignant que ces MégaZoom ne rapportent que 20 000$ par année.

D'autres considèrent que la publicité dénature l'institution universitaire, qui se doit d'assurer une atmosphère propice aux études, à l'enseignement et à la recherche.

Un seul membre de l'AU, Stéphane Molotchnikoff, y a vu un aspect positif. "Les panneaux égayent les couloirs d'allure carcérale du Pavillon Marie-Victorin", a-t-il mentionné, tout en déplorant que les revenus aillent à la Direction des immeubles. Le doyen de la Faculté de droit, Claude Fabien, a suggéré que les revenus reviennent à ceux qui subissent la publicité, c'est-à-dire aux étudiants sous forme de bourses d'études.

Prenant en considération les objections exprimées, la direction de l'Université a donc décidé d'appliquer un gel des contrats d'affichage commercial, sauf pour un projet de publicité sociétale prévu au CEPSUM, qui viennent à échéance le 31 juillet 2001.

De plus, un groupe de travail a été formé afin d'analyser la situation de façon rétrospective, d'examiner le bien-fondé de ce type de publicité et de proposer une politique sur la question, le tout pour juin prochain.

Après plusieurs interventions, le professeur Gabriel Gagnon a aussi obtenu que la direction fournisse, d'ici là, des chiffres sur ce qu'il en coûterait à l'Université pour mettre fin à ces contrats ou pour les modifier.

Pepsi
Les revenus de publicité mentionnés plus haut n'incluent évidemment pas ceux qui proviennent de l'entente de principe conclue avec la compagnie Pepsi Cola et qui n'est pas considérée comme de la publicité.

Pepsi n'ayant pas obtenu l'exclusivité de la distribution sur le campus - deux cafés étudiants ont refusé de souscrire à l'entente -, les revenus attendus seront moindres que ce qui avait été annoncé en septembre. Le vice-recteur Patrick Robert préfère ne pas avancer de chiffres pour l'instant.

Pour des raisons techniques et esthétiques, l'augmentation du nombre de distributrices sera également moins importante que prévu.

Daniel Baril


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