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Énergie: quels sont nos choix?

Un livre pour faire le point sur la question et former le jugement.

Jean-Guy Vaillancourt

Le souvenir encore bien frais de la tempête de pluie verglaçante n'est pas sans causer une certaine appréhension devant l'arrivée des premiers flocons; le réseau électrique passera-t-il l'hiver?

Depuis trois ans, la question du développement énergétique fait les manchettes de l'actualité au Québec avec la nouvelle politique gouvernementale, la création de la Régie de l'énergie, le plan de développement d'Hydro-Québec ou la commission Nicolet. C'est dans ce contexte qu'un collectif de 14 auteurs, dirigé par Jean-Guy Vaillancourt, du Département de sociologie, et Corinne Gendron, avocate et étudiante au doctorat à l'UQAM, lançait récemment le volume L'énergie au Québec, Quels sont nos choix?

"Les questions énergétiques sont des questions très complexes et plusieurs en parlent souvent à tort et à travers ou pour défendre des intérêts particuliers, estime Jean-Guy Vaillancourt. En présentant sous forme accessible une diversité de sujets et une pluralité de tendances, ce petit livre se veut un outil de formation."

Présenté par l'éditeur comme un "livre-choc", l'ensemble des textes forme un ouvrage plutôt critique sur l'approche traditionnellement défendue par le Québec ou sur les habitudes des consommateurs, comme en témoignent ces quelques titres: "Consommez maintenant, vos enfants paieront!" (Nicolas Tremblay); "Un public exclu des débats et des décisions sur l'énergie" (Barbara Sérandour); "Des leçons à tirer du désastre de la tempête de verglas" (Philippe Dunsky et Philip Raphals); "La fierté hydroélectrique au mépris des peuples autochtones" (Jacques Boucher et Gerry Pascal); "Les coûts et les dangers du nucléaire" (Gordon Edwards); "De la Révolution tranquille à la capitulation tranquille" (Martin Poirier).

Un bon choix
"Mais il ne s'agit pas de décrier notre choix hydroélectrique, tient à préciser Jean-Guy Vaillancourt. Même si nous ne possédons pas le système idéal, notre énergie renouvelable fait l'envie du monde entier et nous ne connaissons pas les problèmes du nucléaire comme en Ontario, du gaz en Alberta ou du charbon aux États-Unis. Le livre veut toutefois faire comprendre que nous pouvons faire mieux, consommer moins et recourir davantage aux énergies éolienne et solaire."

Également directeur du Groupe de recherche en écologie sociale, le sociologue considère que la réalisation de grands projets comme ceux de la Manic et de la Baie-James a constitué un bon choix: "Il faudrait 450 petites centrales comme celle de L'Anse-Saint-Jean pour remplacer la seule centrale de Beauharnois. Imaginez le nombre de petites rivières touchées et l'encombrement du paysage par les réseaux de distribution!"

M. Vaillancourt signe lui-même deux textes dans l'ouvrage. Le premier, en collaboration avec l'avocate Corinne Gendron, analyse la politique énergétique du Québec centrée sur le principe du développement durable. Les auteurs soulignent qu'il est irréaliste de confier des objectifs d'efficacité énergétique non rentables pour les fournisseurs à des entités dont la mission est de vendre de l'énergie alors que l'efficacité implique d'en consommer moins.

Opinion publique
Le second texte, cosigné avec Raymond Chenel, étudiant au doctorat à l'UQAM, présente les résultats d'une enquête sur le terrain relative à l'opinion de la population quant à l'efficacité énergétique. Les gens paraissent avoir un "jugement équilibré" sur les questions énergétiques et sur Hydro-Québec; ils ne font pas totalement confiance à la société d'État, mais ne lui lancent pas la pierre. Les auteurs parlent tout de même de "crise de confiance sans précédent principalement causée par une ingérence politique dans la gestion courante d'Hydro-Québec".

La population se montre par ailleurs consciente des liens entre les enjeux environnementaux du Québec et les questions environnementales planétaires. Elle est également préoccupée par le caractère exclusivement financier des ententes avec les autochtones au détriment des aspects humains.

"Des changements fondamentaux sont en train de s'opérer dans l'opinion publique québécoise, changements qui conduiront nécessairement à une remise en question profonde des valeurs qui guident nos façons de faire et même nos façons de vivre et nos façons d'être", concluent les deux auteurs.

L'ouvrage se termine par une déclaration sur le concept de développement durable présentée et commentée par Pierre Dansereau et Jean-Pierre Drapeau.

Daniel Baril

L'énergie au Québec, Quels sont nos choix?, collectif sous la direction de Corinne Gendron et Jean-Guy Vaillancourt, Montréal, Écosociété, 1998, 184 pages.


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