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Le "miracle" quotidien de l'autoguérison

Le pouvoir de guérison n'appartient ni aux médecins, ni à Dieu, ni aux gourous mais à la personne elle-même.

Jean-Charles Crombez

Fort du succès de son précédent ouvrage, La guérison en écho, paru il y a quatre ans, le Dr Jean-Charles Crombez remet ça avec la publication récente d'une suite à ce volume, La personne en ÉCHO.

"Il ne s'agit pas d'une version simplifiée du premier volume mais d'une réflexion plus large et plus distanciée sur la méthode ÉCHO", indique le professeur rattaché au Département de psychiatrie du Pavillon Notre-Dame, du CHUM. Même s'il ne s'agit pas d'un guide pratique, l'intention du Dr Crombez est de donner aux patients les outils leur permettant d'effectuer leur propre réflexion afin de comprendre le processus d'autoguérison.

"Il faut rendre les gens moins dépendants du recours aux médecins, déclare-t-il. Le pouvoir de guérison n'appartient ni aux médecins, ni à Dieu, ni aux gourous mais à la personne elle-même."

Cette conception est au coeur de la méthode de guérison "en écho" élaborée par Jean-Charles Crombez, qui croit que l'organisme humain est doté d'une intelligence assurant son autoguérison. La maladie survient lorsque le processus est bloqué, notamment par le stress ou l'anxiété. Son approche vise à déclencher ou débloquer ce processus, qui est le même que celui permettant la cicatrisation d'une coupure. "La guérison est ainsi un miracle qui arrive tous les jours", écrit-il.

Cheminement dans la complexité
L'observation de l'effet de sa méthode l'a amené à constater qu'elle est efficace là où les approches médicale ou thérapeutique ne fonctionnent pas. "Dans le processus médical, explique-t-il, on décortique l'organisme pour en comprendre le fonctionnement et savoir où intervenir. C'est ce qui nous permet de corriger, par exemple, le mécanisme de coagulation lorsqu'il ne fonctionne pas. Dans les psychothérapies, on cherche à rétablir des liens entre des éléments de notre vie qui ont été refoulés. Quand ces approches marchent, c'est tant mieux. Mais il arrive que le processus de guérison soit trop complexe pour être décortiqué en ses éléments ou qu'on ne puisse pas recréer de liens entre les morceaux manquants. C'est là que la méthode en ÉCHO fonctionne."

Selon le psychiatre, la méthode fonctionne parce qu'elle permet à la personne d'être le témoin de ce qui se passe en elle. "On augmente même la complexité d'une situation afin de favoriser l'interaction non dirigée de tous les éléments composant nos dimensions physique et psychologique. En mettant tout sur la table, en brassant ce que pense et ce que vit la personne, en ouvrant la réalité subjective au maximum, on permet au processus de s'accomplir."

Malgré l'aspect plutôt abstrait d'une telle présentation, le Dr Crombez soutient que la méthode est bien concrète et active. Elle recourt aux outils d'autres approches thérapeutiques, comme la relaxation, la conscientisation, la visualisation ou la méditation. "C'est la façon d'utiliser ces techniques qui diffère, précise-t-il. La technique est un prétexte servant à faire surgir le processus de guérison. Le patient peut suivre ou non la consigne, l'important étant d'ouvrir un champ de liberté. On travaille sur un point en particulier, mais l'important est 'l'écho' que l'intervention peut avoir sur l'ensemble de la personne."

Placebo sans placebo
La méthode, qui se veut un complément aux autres approches, permettrait en fait d'éveiller le processus qu'on retrouve à la base de l'effet placebo. "Elle provoque l'effet placebo sans placebo", déclare le Dr Crombez.

Elle pourrait être applicable à toutes sortes de situations, allant du contrôle de la douleur à la lutte contre un cancer en passant par le traitement du tabagisme. "Il suffit que la personne veuille et décide de faire quelque chose."

Et les résultats? "Il ne faut pas se leurrer; le pouvoir d'autoguérison demeure limité et il ne peut pas tout faire; on meurt tous", constate le médecin, qui répartit néanmoins les types de guérison en trois catégories. Il y a d'une part les cas où les symptômes de la maladie persistent mais sans que les gens en soient submergés. "Ces gens nous disent que la maladie est encore là, mais que leur façon de vivre a changé; la maladie ne les affecte plus, ils ont retrouvé une liberté et une qualité de vie."

Il y a aussi des cas où la maladie demeure décelable par les instruments de mesure, mais où les symptômes ont diminué. Il y a enfin les cas extrêmement rares où, contre toute attente, la maladie régresse; "le médecin dit alors que ce n'est pas possible!" commente le Dr Crombez, en ajoutant que ce niveau de guérison n'est pas pour lui le plus important.

En 15 ans de travail consacrés à mettre au point son approche, Jean-Charles Crombez a formé une quarantaine d'intervenants qui, maintenant, utilisent sa méthode ici et à l'étranger. Autour de 150 personnes sont ainsi "guéries" chaque année.

Daniel Baril

Jean-Charles Crombez, La personne en ÉCHO, Cheminement dans la complexité, Beauport, Éditions MNH, 1998, 210 pages.


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