La chaire Marianne-Mareschal pour promouvoir les études en génie chez les filles

De gauche à droite, Suzanne Lacroix, professeure au Département de génie physique et génie des matériaux, Marie Bernard, professeure au Département de génie mécanique, ainsi que Brigitte Jaumard et Diane Riopel, professeures au Département de mathématiques et de génie industriel. Les quatre cotitulaires sont accompagnées de la coordonnatrice de la chaire, Marie-Josée Dionne, étudiante à la maîtrise.

Seulement 7,6% des membres de l'Ordre des ingénieurs du Québec sont des femmes. À l'École Polytechnique, l'une des écoles de génie les plus féminisées au pays, la proportion d'étudiantes atteint 21%.

"Il y a encore du chemin à faire", estime pourtant Marie-Josée Dionne, coordonnatrice de la chaire Marianne-Mareschal qui vise à promouvoir ce choix de carrière auprès des jeunes filles. Selon l'étudiante à la maîtrise en génie biomédical, au moins deux universités canadiennes accueillent une plus grande proportion de femmes dans leur faculté de génie que l'école affiliée à l'Université de Montréal.

Le jour de l'inauguration de la nouvelle chaire, le 19 octobre dernier au Palais des congrès de Montréal, la titulaire pour l'année en cours, Marie Bernard, professeure en génie mécanique, a insisté sur le fait que l'ingénierie offre des défis scientifiques et techniques intéressants et stimulants. "Pourquoi promouvoir le génie auprès des femmes en 1998? Parce que l'évolution technologique a permis à la profession d'accomplir des progrès importants depuis que Gabrielle Bodis, première diplômée de l'École Polytechnique, est devenue ingénieure en 1959."

Quatre cotitulaires
Fait inusité, quatre cotitulaires se relaieront à la direction de la chaire. Brigitte Jaumard, professeure au Département de mathématiques et de génie industriel, Suzanne Lacroix, professeure au Département de génie physique et génie des matériaux, et Diane Riopel, aussi professeure au Département de mathématiques et de génie industriel, succéderont à Mme Bernard au cours des prochaines années. Dix femmes sont engagées dans son évolution. Outre les cotitulaires et la coordonnatrice, cinq ingénieures du secteur privé sont associées à son organisation: Louise Quesnel, vice-présidente du Centre de recherche informatique de Montréal, Sophie Malavoye, journaliste scientifique, Michèle Thibaudeau-DeGuire, présidente de Centraide, Monique Corriveau-Gougeon, de Bell Canada, et Dominique Ménard, de Shell Canada.

Les activités de la chaire seront diverses: causeries, conférences, programmes d'aide aux mères, "marrainage" scientifique, participation aux activités de recrutement, visites dans les classes du primaire et du secondaire, etc. Bien que les choses se mettent en place depuis le mois de juillet dernier, les activités ne débuteront qu'au début de l'année 1999.

Le budget annuel de la chaire Marianne-Mareschal est de l'ordre de 135 000$. Shell Canada a offert une subvention initiale de 200 000$. Selon la porte-parole de l'entreprise, Diane Larin, la division montréalaise de la multinationale pétrolière compte près d'un quart de femmes parmi ses ingénieurs. Elle a souligné que son entreprise était ravie de participer à la réalisation de cette initiative. "Les femmes ont toujours été ingénieuses, a dit Mme Larin. Avec la chaire, il n'y aura qu'un petit pas à faire pour qu'elles deviennent ingénieures."

On a donné à la chaire le nom d'une ingénieure d'origine belge qui a consacré sa carrière à l'étude du magnétisme terrestre. Après avoir acquis une réputation internationale dans sa discipline, Marianne Mareschal a accepté un poste de chercheuse à l'École Polytechnique en 1987, puis de professeure en 1989. Elle est décédée d'un cancer en 1995, à l'âge de 48 ans, et l'on dit qu'elle a aidé et soutenu ses étudiants jusqu'à la toute fin.

Nul n'a mentionné les tristes événements survenus en décembre 1989 comme élément déclencheur de la création de cette chaire.

Mathieu-Robert Sauvé