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Roland Viau et Pierre Nepveu
remportent des prix du Gouverneur général

Roland Viau

L'anthropologue Roland Viau ignorait jusqu'à l'existence des prix du Gouverneur général quand il a su qu'il était en lice dans la catégorie "études et essais". Mais comme Fernand Dumont ("l'un des deux plus grands intellectuels du Canada avec Marshall McLuhan") et François Ricard étaient parmi les finalistes, il s'est dit qu'il n'avait aucune chance.

Erreur. Son premier livre lui a valu l'un des plus prestigieux prix littéraires au pays. "Je ne l'ai pas réalisé tout de suite. Je crois que j'ai compris que j'avais bel et bien gagné une fois dans la résidence du gouverneur général, quand j'ai vu autour de moi tous ces gens en smoking."

Ce prix couronne ainsi plus de sept années de travail qui ont littéralement "vampirisé" sa personnalité. "Il faut être un peu fou pour travailler comme ça. Ce livre m'a permis de voyager dans le temps et dans l'espace, au point de penser comme un Iroquoïen du 18e siècle. Mais cela s'est fait au détriment de ma vie de famille. Mes proches ont vécu comme des veuves de football."

Enfants du néant et mangeurs d'âme, l'ouvrage primé, paru chez Boréal l'an dernier, est la thèse de doctorat de Roland Viau qu'il a remaniée pour la rendre accessible à des non-spécialistes. Favorablement accueilli par la critique, le livre jette un éclairage nouveau sur les guerres dans les sociétés iroquoïennes. Les Amérindiens n'ont jamais eu la guerre dans le sang, comme le pensent les historiens; les combats avaient une fonction politique et rituelle consistant, notamment, à permettre l'adoption des ennemis pour remplacer les membres de la tribu perdus ou tués. "Il n'y a rien de politically correct dans mon livre, dit-il. C'est une relecture politique de la guerre en Iroquoisie. Je porte un regard neuf sur un vieux sujet."

Ce prix littéraire pour un premier livre va-t-il changer quelque chose? À court terme, non. "Je ne suis qu'un chargé de cours qui vivote d'un trimestre à l'autre." Mais le lauréat sent que le second tome de sa relecture historique mérite à tout le moins d'être écrit. Intitulé provisoirement Femmes de personne, cet ouvrage portera sur la condition féminine dans la communauté iroquoïenne.

L'attribution de ce prix prestigieux démontre aussi "qu'une thèse de doctorat peut être autre chose qu'une reliure morte, alignée sur une tablette au fond d'une bibliothèque", estime Roland Viau.

 

Pierre Nepveu, poète

Professeur au Département d'études françaises, Pierre Nepveu est reconnu pour ses talents de romancier et d'essayiste, mais le gouverneur général du Canada lui permet désormais de figurer parmi les "vrais" poètes. Son cinquième recueil, Romans-fleuves (Noroît), a été primé par le jury de 1997, composé de Louise Cotnoir, Raymond Guy LeBlanc et Rachel Leclerc.

"La poésie, c'est le fil conducteur de tous mes travaux, explique M. Nepveu. Ma thèse de doctorat avait pour thème la poésie, j'enseigne la poésie et j'en écris depuis toujours. Ce prix est pour moi une reconnaissance de mon travail de poète. J'en suis très content."

Comme son nom ne l'indique pas, Romans-fleuves est un recueil peu volumineux (94 pages). Mais l'auteur ne cache pas que le fleuve Saint-Laurent y tient un rôle majeur comme acteur d'une cité qui revient dans chacun de ses livres. "Ce recueil, c'est certainement celui qui est le plus autobiographique. J'y parle de ma vie personnelle, de mes enfants. Mais aussi j'évoque le monde contemporain, avec ses violences."

Écrits au rythme des inspirations sur plus d'une décennie, les poèmes de Romans-fleuves n'étaient pas destinés à être rassemblés dans un recueil. Pour Pierre Nepveu, cet exercice a permis d'aborder un style narratif différent de celui auquel il était habitué. "Ça m'a permis de réintroduire la durée, le temps, d'une façon nouvelle."

Pierre Nepveu n'est pas le premier professeur du Département d'études françaises à recevoir un important prix de poésie. Robert Melançon, André Brochu, François Hébert et Jacques Brault, avant lui, ont été récompensés pour leur poésie. Mais comme chacun de ces auteurs, la littérature n'est pas une affaire de genre. "Je crois que les professeurs de lettres de ma génération avaient le devoir d'être polyvalents. Pour être un bon enseignant, il faut avoir une démarche d'auteur et toucher à différents genres."

Même si ce prix encouragera Pierre Nepveu dans sa production poétique - "ça rassure ma confiance pleine de doutes", dit-il -, son prochain ouvrage sera un essai: Intérieurs du nouveau monde. Il paraîtra en février prochain.

Mathieu-Robert Sauvé


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