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Le parquet de la bourse, comme si vous y étiez

Une salle des marchés flambant neuve est inaugurée aux HEC.

Pierre Laroche

Une salle des marchés directement branchée sur les indices Dow Jones, Reuters et Bloomberg à New York, et qui donne de l'information boursière sur tous les marchés du monde vient d'ouvrir ses portes à l'École des Hautes Études Commerciales (HEC). Sur un grand tableau électronique qui surplombe les 20 postes de travail, on peut suivre l'évolution des cours et les fluctuations des devises. Il n'y manque que les téléphones pour commander "vendez" ou "achetez"!

Justement, les téléphones cellulaires y seront interdits, signale Pierre Laroche, professeur agrégé de finance aux HEC et responsable de cette salle. "Nous sommes dans une université; le but de cette salle est avant tout pédagogique."

Inaugurée au lendemain de la crise qui a frappé les marchés asiatiques, cette salle figure actuellement parmi les cinq plus performantes au monde en milieu universitaire et est assurément la première au Canada. Selon M. Laroche, seules les universités de Houston, au Texas, Carnegie Mellon, à Pittsburgh, de Readings, en Angleterre, et le Massachusetts Institute of Technology, à Boston, possèdent des salles aux possibilités comparables.

"Cette salle nous permettra de relever des défis pédagogiques importants", signale le responsable. Au cours des négociations pour des tarifs préférentiels avec les grandes entreprises boursières, il a pu compter sur des anciens étudiants de l'École qui fraient aujourd'hui dans le milieu boursier.

"En ce qui concerne l'enseignement de la finance internationale et de l'économie appliquée, notamment, c'est un véritable laboratoire. Pour reprendre l'analogie du directeur de l'École, Jean-Marie Toulouse, cela rappelle le passage de l'enseignement magistral des sciences pures, au cours des années 1960, à l'apprentissage dans des laboratoires où les étudiants menaient leurs expériences sous la supervision du professeur."

 

 

Comme si vous y étiez

Pour Étienne Ménard, étudiant à la maîtrise en sciences de la finance, l'ouverture de cette salle représente un avantage considérable. "Jusqu'à maintenant, la seule façon d'obtenir de l'information boursière récente, c'était d'appeler à la Bourse de Montréal. Les renseignements qu'on nous donnait par téléphone, nous les avons devant nous aujourd'hui. Tout ce qui manque pour vendre et acheter des actions, c'est un téléphone et un permis..."

Mais l'étudiant n'est pas là pour faire de l'argent. Ce qui l'intéresse, c'est l'étude des fluctuations du marché. "Si la bourse descend, le marché obligataire monte. Et si le marché obligataire américain bouge, on peut s'attendre à ce que le Canada suive bientôt."

Les ordinateurs Pentium à double écran permettent aux étudiants de mettre en marche et d'utiliser simultanément plusieurs logiciels. L'un présente les fluctuations des taux d'intérêt, un autre la valeur des actions d'un portefeuille, un troisième expose sur un tableau les différentes transactions possibles. "Actuellement, j'ai sept logiciels en service", dit le jeune homme.

Cette transmission en temps réel des mouvements boursiers offre la possibilité d'observer des choses inhabituelles telles que les effets psychologiques des transactions. On l'a vu lors de la crise asiatique: le marché s'est emballé quand un grand nombre d'actionnaires ont vendu leurs parts. Fait sans précédent, on a fermé les parquets pendant une heure, le temps de laisser retomber la pression. Le lendemain, autre coup de théâtre: les actions étant à leur plus bas, les acheteurs se sont rués sur les bonnes affaires. En deux jours, la crise était résorbée.

 

Le fruit d'un vieux rêve

Pour Pierre Laroche, l'ouverture de cette salle est la réalisation d'un vieux rêve. Mais elle a nécessité la convergence de plusieurs conditions. Comme disent les astrologues, les astres devaient être alignés.

"D'abord, une telle salle n'aurait pu loger dans l'ancienne école, car les infrastructures en télécommunication ne convenaient pas. Dans le nouvel immeuble, c'était possible. Ensuite, nous avions besoin de partenaires privilégiés et d'investissements importants. La participation de la firme de courtage Lévesque Beaubien Geoffrion a permis de nous approcher du but. Puis, il fallait qu'une personne puisse y consacrer du temps. Je n'ai pas de mérite: j'étais en année sabbatique."

La salle porte le nom de son principal commanditaire, Lévesque Beaubien Geoffrion, qui a financé l'achat d'équipement et l'installation initiale grâce à un don de 250,000$. L'École des HEC a fait le reste pour un budget total qui pourrait avoisiner les 350,000$.

Mathieu-Robert Sauvé


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