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Gare à l'endettement

Mieux vaut y voir avant que le huissier frappe à la porte.

«J'pouvais plus payer; ils sont venus chercher mon set combiné; j'ai même pas braillé», chante Robert Charlebois.

Pour ne pas perdre son «set combiné», il ne faut pas attendre la visite des huissiers, est venue expliquer Hélène Talbot, représentante de l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF), à un groupe du Syndicat des employés et employées de l'Université de Montréal (section locale 1244) le 19 février dernier.

Mais plusieurs mythes entourent les conséquences du non-paiement d'arriérés. D'abord, ce n'est pas avant une période de trois à quatre mois que le «troisième avis» vous parviendra. Il consiste en une mise en demeure. Si vous ne réglez pas cette facture ultime, «des poursuites pourraient être engagées contre vous», dit la formule consacrée.

Mme Talbot a rappelé que les consommateurs, même les plus endettés, ont des droits. «Mais ils ont aussi des devoirs. Le créancier peut prendre des mesures légales s'il n'est pas payé. Il a le droit de vous appeler chez vous, à votre travail. Certains pensent que le créancier est obligé d'accepter une offre, par exemple, de 50 $ par mois de la part d'une personne endettée. Ce n'est pas le cas. Il peut refuser.»

Mais il ne refuse pas toujours, car la procédure judiciaire est longue et coûteuse. L'important, c'est d'essayer de s'entendre avec son créancier, rappelle la spécialiste. L'ACEF, grâce à sa neutralité entre les parties, peut jouer le rôle de médiateur. «Quand on a des arriérés, l'un des réflexes courants est de fuir, explique Mme Talbot. On entretient la pensée magique: si je ne réponds pas au téléphone, ils vont bien finir par m'oublier. Ce n'est pas la bonne attitude.»

La saisie est l'un des recours les plus radicaux qui existent. En plus de la saisie de biens (tous les meubles sont saisissables, y compris les appareils électroménagers, moins la valeur de 6000 $), l'impôt fédéral peut saisir 30 % du salaire brut d'une personne qui lui doit de l'argent. Pour un salaire hebdomadaire de 400 $, il ne restera guère que 160 $ net après les déductions. «Comme c'est l'employeur qui s'occupe de tous les papiers, certaines personnes vont même perdre leur emploi à la suite d'une saisie de salaire», dit Mme Talbot.

Y a-t-il d'autres solutions? «Oui, la faillite.»

Mais cette solution, qui met fin immédiatement à toute saisie de salaire, n'est pas la panacée. Connaissant un accroissement par les temps difficiles qui courent, la faillite personnelle n'est pas gratuite, loin s'en faut. «En plus des dettes non libérables (pension alimentaire, contraventions, etc.) et des coûts du syndic qui est le premier à se servir, certaines dettes peuvent être remboursables s'il est démontré que vous avez planifié votre faillite.»

Dans certains cas, des dettes d'études peuvent ainsi resurgir, affirme Mme Talbot. «Le ministère peut considérer que c'est une dette que vous avez contractée à l'endroit de la société et qu'il faut la payer quand même. Vous recevrez une lettre neuf mois après avoir déclaré faillite et on vous demandera de rembourser vos prêts étudiants.»

La conférencière a raconté plusieurs histoires d'horreur révélant les pièges de l'endettement. Par exemple, cette dame qui a fait appel à l'ACEF pour obtenir un conseil. «Elle "endossait" son frère, qui devait déjà 15 000 $ à ses créanciers. Elle se demandait si elle devait l'"endosser" de nouveau pour un emprunt de 20 000 $...»

À en juger par le nombre de personnes qui ont quitté la salle avant la fin, cette conférence, dont le sujet avait été choisi à la suite d'une consultation, a semblé relativement peu adaptée aux réalités des gens présents.

M.-R.S.


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